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208 MOREL DE VOLEINE la richesse des expressions et s'il partait en guerre, ce n'était qu'après s'être largement pourvu de pièces à l'appui, prêt pour l'attaque, ferme pour la défense et vif pour la riposte. La poussière des vieux parchemins, les difficultés des antiques écritures ne l'effrayaient point et, joignant à la patience du paléographe le flair de l'amateur, il savait découvrir les dossiers instructifs et les chartes précieuses, dans les recoins des dépôts publics et dans les archives les mieux fermées. Toutes les portes s'ouvraient, du reste, avec complaisance, devant ce travailleur dont l'honnêteté et le tact égalaient le savoir. Il était lié avec les hommes les plus instruits : le biblio- thécaire A. Péricaud qui valait, à lui seul, toute une biblio- thèque, Breghot du Lut, Cailhava, de Boissieu, Allut, A. de Terrebasse, de Valous, Steyert, Baudrier, de Charpin-Feu- gerolles, Guigue, etc. Ils formaient un petit cercle, un peu fermé peut-être, mais plein de charmes pour ceux qui pouvaient y pénétrer, car ils composaient une véritable encyclopédie de tout ce qui touchait à l'histoire du Lyonnais, du Forez, du Beau- jolais, de la Bresse et du Daupbiné. Tous amateurs de livres, ils se rencontraient chez le bouquiniste Rivoire, chez le libraire Brun et dans les ateliers de l'illustre Louis Perrin où ils venaient surveiller l'impression de leurs ouvrages; s'entr'aidant amicalement dans leurs travaux et dans leurs recherches et dissertant, malicieusement quelquefois, sur les œuvres nouvelles. En ce temps-là , le journal ne vivait pas uniquement de politique et de faits divers et ne dédaignait point l'instruc- tion du lecteur et la culture de son esprit. Morel de Voleine fut, en ce genre spécial, un collaborateur assidu des diverses feuilles lyonnaises où il traitait, d'une plume spirituelle et