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SYNDICAT DE DEMOISELLES I49 Avant peu, les syndicats de demoiselles vont étendre, chez nous, leurs rameaux protecteurs. Car c'est bien de protection qu'il s'agit ; à force de répé- ter au beau- sexe qu'il était le sexe faible, il a fini par le croire. De là , à s'adresser au principe triomphant de la mutualité « l'union fait la force », il n'y avait qu'un pas : les bottines audacieuses des filles d'Albion l'ont franchi. En présence des aléas sans nombre que présentent les unions mal assorties, les jeunes miss du pays où fleurit... le plumpudding, ont jugé utile, indispensable, nécessaire, d'organiser un vaste système de renseignements, quiembrasse tous les jeunes gens à marier. Entre nous soit dit, il est préférable que le système pro- cède lui-même à cet embrassement général, j'aurais éprouvé quelque inquiétude — je l'avoue — à voir des demoiselles s'en charger. La nouvelle association se propose d'assurer le bonheur des aimables personnes — de dix-sept à trente ans — qui n'ont pas l'intention d'ajouter un bonnet à tous ceux que possède déjà sainte Catherine, et de conjurer les orages redoutables du ciel conjugal, par une averse de renseigne- ments aussi préalables que complets. Bien que le Royaume-Uni ait paru désigné d'avance pour servir de berceau à une semblable union, il ne serait pas juste qu'il en conservât le monopole. Pour moi j'attends avec une impatience qui n'a rien de fébrile, mais qui n'en est pas moins grande pour cela, le jour où, dans notre belle patrie, un jeune homme ne pourra plus se marier sans passer sous les Fourches-Caudines d'un syndicat de demoiselles. Quelle joie pour les parents, quelle tranquillité pour les familles ! N"3. — Mars 1894. II /