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 94                        « LOUISE »

      Toutefois, si les œuvres précédentes de M. Fuster, jalons
  plantés sur la route du succès, ouvrages forçant la lecture
  par leur intérêt et leur valeur intellectuelle, faisaient bien
  augurer de l'avenir, il ne restait pas moins à cet auteur à
  tenir les promesses que les lettrés étaient en droit d'attendre
  de lui. Car, dans la difficile et ardue carrière des lettres,
  l'ascension doit être constante, et la stagnation n'est plus
  de mise chez un écrivain, du moment où le succès lui a
  ouvert ses portes dorées.
     M. Fuster n'a pas cessé de gravir les pentes abruptes du
  « mont de la Renommée », selon la belle expression d'un
 contemporain.
     Infatigablement, avec le courage que ceux-là seuls con-
 naissent qui se livrent au culte de la Pensée, il a travaillé,
 travaillé sans relâche. Et, qu'on ne dise point, comme on
 l'a prétendu à tort, que chez lui, l'effort dépensé à la création
 de tant d'œuvres diverses, a été moins considérable que
 chez d'autres, comme si le labeur intellectuel n'était pas tou-
 jours pénible et angoissant, la lutte avec les idées toujours
 déprimante, pour tous les cérébraux sans exception! La
 vérité est que M. Fuster a connu, tout comme nous, l'aridité
 de la tâche, mais — et là est son mérite — qu'il ne s'est
jamais laissé rebuter par elle. Il ne suffit pas d'être bien
doué, idontusarti,\\ faut encore entretenir avec soin les dons
que la destinée nous a départis. La rouille rongeuse qui mord
le fer et le corrode, peut envahir également l'esprit tombé à
une trop longue oisiveté. Car c'est là le grand mal : le repos,
la stagnation spirituelle dont je parlais plus haut. De ce
qu'un auteur est arrivé à un premier succès, s'ensuit-il qu'il
doive s'y tenir et s'en contenter ? La noblesse talentuelle
dont il a fait preuve une fois, ne l'oblige-t-elle pas dans la
suite ? Prenez garde que si vous n'avez pas le désir de faire