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                   SOLEIL COUCHANT                      57

Les fleurs, en se fermant, embaument les prairies
              De plus douces senteurs,
Et, sous l'ombre qui croît, des choses endormies
              S'éteignent les couleurs,

Ainsi l'on voit, le soir, au fond des basiliques
              Où l'encens flotte encor,
Sous les vitraux éteints, après les saints cantiques,
              Mourir les cierges d'or.

L'ombre, comme un voleur guettant l'heure propice,
             Quitte bois et vallons,
Gravit les noirs coteaux, monte du précipice,
             Gagne le haut des monts.

Et tous trois, dans la paix sereine et recueillie
             Qui tombe avec la nuit,
Nous allions, le cœur plein de la mélancolie
             De tout ce qui s'enfuit.

Cependant le soleil, souverain magnifique,
              Laissait comme un adieu
Flotter à l'occident sur le ciel pacifique
              Son écharpe de feu,

Lambeau de pourpre et d'or et tissu de lumière
             Qu'avec un clou d'argent
L'étoile du berger, pour consoler la terre,
             Attache au firmament,
Car après la nuit sombre et la longue souffrance
            Le jour va revenir,
Et tout bonheur qui fuit nous laisse une espérance
            Avec un souvenir.
                                  Henri   THÉDÊNAT.