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26                 LES SAVANTS LYONNAIS

légiste il passa dans l'officine d'un chirurgien apothicaire,
il y serait vraisemblablement demeuré et il y aurait appris
son métier, si un de ses cousins, prêtre de l'Oratoire, ne
l'eût appelé près de lui au collège de Soissons et plus tard
à celui de Nantes.
   Sa vocation monastique assez singulièrement et assez
rapidement décidée par le prieur de Nogent-sur-Coucy, le
jeune Vincent se rendit à Saint-Faron de Meaux où il prit
l'habit le 28 août 1702. Le noviciat achevé, les vœux pro-
noncés, le cours des études de philosophie, de théologie et
de langues anciennes s'ouvrit pour lui; il les fit à l'abbaye
de Saint-Nicaise de Reims ; il y brilla entre ses condisciples
par sa prodigieuse facilité et il s'attira un jour les compli-
ments de Mabillon, en récitant devant lui un dialogue
latin de sa composition sur l'âme des bêtes. Il avait reçu le
sous-diaconat des mains de Fénelon ; l'évêque de Châlons
sur-Marne, Gaston de Noailles, lui conféra la prêtrise
le 17 décembre 1712. Dans l'examen qu'il subit pour être
admis, l'ordinand avait étonné ses juges, en citant d'assez
longues tirades de saint Athanase en grec.
   Avant que de venir enseigner la théologie à Saint-
Germain, il professa la philosophie à Saint-Denis et la
rhétorique à Saint-Corneille de Compiègne. Ce fut le Père
de Sainte-Marthe, alors prieur, qui l'y appela vers le mois
d'avril 1716; il exerça sa charge trois ans et eut la témérité
comme il l'avoue, de soutenir dans son Traité des actes
humains, des opinions qu'il savait avoir été censurées par
le Saint-Siège.
    Les appels à un concile général se multipliaient alors, à la
suite du cardinal de Noailles et des autres évêques oppo-
sants, les Universités, la Sorbonne, les communautés, le
Parlement, les réguliers et les séculiers signaient solennel-