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M LES SAVANTS LYONNAIS partisans à une désobéissance formelle aux ordres et aux définitions du Saint-Siège. Il est difficile de se mettre plus en contradiction avec soi-même et avec la vérité que de reconnaître, dans l'Eglise, une autorité suprême et infaillible et de n'accorder au pape, son dépositaire, ni une science suffisante, ni une puissance efficace. Le premier document qui soit tombé sous nos yeux et qui entre sans trop de peine dans le cadre étroit que nous avons été obligé de nous tracer, est la critique assez vive d'un sermon prononcé par un jésuite, célèbre à Paris, plus fameux à Lyon, le Père Menestrier. Nous ne pensons pas que ces pages aient jamais été imprimées : elles sont ano- nymes et nous ne saurions affirmer si elles sont un original ou une copie; elles datent des dernières années du dix- septième siècle. Peut-être ont-elles été composées par un religieux de l'abbaye, très imbu de jansénisme, irrité contre la Compagnie qui le combattait à outrance et peut-être avec quelque excès et sans une bonne foi assez visible, à propos de l'édition de saint Augustin ; sans nourrir le projet de confier à la presse ses remarques satiriques, il n'était pas mécontent d'épancher sa bile et d'en faire courir le produit sous le manteau, en provoquant les rires aux dépens d'un confrère de Molina. Les Petites Lettres avaient inspiré de nombreux imitateurs; mais à ce coup encore Pascal n'a pas trouvé son héritier. Il paraît cependant que le Père Menestrier ne fut jamais un prédicateur tellement à la mode qu'il dût attirer les foudres du parti; il restait assez loin du premier rang, quand il occupait la chaire et l'attention publique, aux côtés des Bourdaloue, des Gaillard, des La Rue, tous ses collègues de la maison professe de Saint-Louis et tous en renom à la Cour et à la ville, se disputant les sympathies de Madame