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               LE PAGE DU BARON DES ADKETS.             499

leries et pillages. De ces butins que pourra-t-on dire ?
à quel titre ravir ce qui n'est à aucune personne privée?
Si les larrons sont punissables , c'est double crime de
dérober le bien public.
   Dieu vous garde et vous protège.
                                          « CALVIN. »


    Ce blâme du grand ministre émut et contrista le ma-
 lade. Il donna des ordres pour qu'on eût soin du mes-
 sager, et après avoir longtemps réfléchi, longtemps
 songé, i! congédia les amis et les serviteurs qui l'entou-
 raient. Bientôt le silence ne fut plus troublé dans le châ-
teau que par le pas régulier des sentinelles, et Beaumont
s'endormit en murmurant deux noms qui préoccupaient
profondément son esprit : Flavio, Calvin.
    Les remontrances de l'un, le dévouement de l'autre,
les sévères conseils du ministre, les tendres paroles de la
jeune fille avaient, amolli le bronze qui entourait son
cœur. Sa maladie, suite d'un crime affreux, lui parais-
sait un châtiment du ciel. Pendant que sa robuste santé
avait triomphé du mal, son esprit droit avait contem-
plé tout son passé avec tristesse et repentir. Le remords
avait frappé à sa porte, et, boaheur immense que n'ont
pas tous les criminels, il l'avait laissé entrer.
   Le lendemain le rude huguenot parut profondément
changé. Les couleurs de la santé commençaient à
remplacer la pâleur de la maladie ; les forces avaient
grandi, l'intelligence avait repris sa vivacité, mais sur-
tout la voix était moins brève, le geste moins prompt ;
la figure laissait entrevoir une expression de calme
qu'on n'était pas accoutumé à rencontrer sur ce front