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                  ÉTUDE SUR LE PATOIS LYONNAIS,                          493

serait plus possible. L'italien lui-même, tout proche parent
qu'il est du latin, n'offre pas plus de concision que le fran-
çais :L'EROE GIACENTE A TERRA, L'HO VËDUTO. Quelle phrase traî-
nante, dite surtout avec l'emphase italienne! ne dirait-on
pas le sabre du capitaine Fracasse, traînant dans l'anti-
chambre d'un salon ?
   Formée en grande partie du latin ; pour le reste d'une
part notable du celte que parlaient nos pères, et du lan-
gage des, peuples envahisseurs venus de la Germanie,
la langue aujourd'hui parlée chez nous n'existait encore
sous la domination romaine, qu'à l'état d'embryon. Nous
n'avons guère de monument certain de notre histoire avant
César. Il nous dépeint, dans ses Commentaires, la Gaule
habitée par les Celtes (1); au nord, les Belges; à l'est, les
Allemands ou Germains qui leur disputent sans cesse le
Rhin, le traversent souvent et se répandent comme des inon-
dations périodiques sur le territoire habité par les Celtes
ou Gaulois. Repoussés avec perte par ceux-ci, tant qu'ils
sont restés unis aux Romains, ils se hâtent de prendre leur
revanche à la chute du grand empire; et, tandis que les
Goths et les Visigoths, les Huns, les Vandales, semblables à
des vautours affamés, se ruent sur le territoire de la cité op-
pressivedes nationalités, et s'en disputent avec acharnement
les lambeaux, les Francs, plus disciplinés et mieux organisés
pour la conquête, s'adjugent, pour part de prise, la Gaule,
notre belle et chérieijpatrie. Vainqueurs et vaincus, frères
déjà par l'origine (2), ne tardent pas à se fondre ensemble;


   (1) Les anciens confondaient sous le nom de Scythes tous les peuples
du nord de l'Europe. Ils distinguaient seulement les Gaulois qui leur étaient
plus connus sous le nom de Celto-Seythes. Veteres Grœcorum scriptoree
universas gentes septentrionales Scythas et Celto (Kello) Scyt/ms appela-
verunt. Strabon.
   (2) Germani tùm forma, tùm moribus et victu, Celtis seu Gallis sunt
similcs.
                                              Strabo, Geoyraph. IXI,
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