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490               ÉTUDE SDR LE PATOIS LYONNAIS.

inversions, qui donnent tant de force et de grâce au dis-
cours. En permettant de varier l'expression de la pensée,
il a permis de placer en première ligne le mot qui appelle
l'attention et tient en suspens l'intérêt, jusqu'à ce qu'ar-
rive, à la fin de la période, le verbe, qui en précise l'action.
Que serait la période Cicéronmenne, dépouillée de ces effets
euphoniques, de ces sortes de tours de force oratoires qui
plaisaient tant aux oreilles romaines ; de ces oppositions
défigures, de mots, de ces quasi-pléonasmes, synonymes
accumulés comme à plaisir, que distingue à peine une
nuance croissante ou décroissante? Ceux-là mêmes, esprits
sévères, qui con damnent cette verbosité ; qui sourient à cette
subtilité d'avocat indigne de la majesté du peuple-roi,
prêtent complaisamment l'oreille à ce doux écho et seraient
les premiers à se récrier, si l'on s'avisait d'en retrancher
un mot. Que vous lisiez la poésie tantôt abrupte, tantôt
cadencée d'Horace; les vers élyséens de Virgile, où l'har-
monie coule à pleins bords, comme les ondes d'un fleuve
majestueux, il vous semble éprouver quelque chose de ce
doux bercement qui tient entre le sommeil et le rêve, de la
cavatine italienne, fouillis brillant de notes, avant-goût
des concerts célestes, voix de l'âme exilée s'arrachant aux
soucis d'ici-bas, pour ne plus vivre que des souvenirs de
la patrie absente.
   Ainsi vibre à notre oreille le langage italien « ce doux
« latin bâtard, suave comme les baisers d'une bouche de
« femme, qui résonne comme s'il était écrit sur du satin
« avec des syllabes où le doux Midi respire (1). »
   Cependant, faut-il le dire? malgré ce luxe de voyelles ,
en dépit, ou plutôt en raison peut-être de son luxe d'into-
nation, cette langue toute musicale, reflet de celle de la

   (1) Lord Byron. Bep