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                     NECROLOGIE


                  MADAME ADÈLE GENTON.

    Le 28 octobre dernier, décédait malheureusement, dans une
 ferme du Vivarais, une femme qui honorait la Revue du Lyonnais
 de sa collaboration et de son amitié, et dont nos lecteurs se rap-
 pellent encore la poésie élégante et énergique, la prose colorée,
 ferme et concise, scit qu'elle nous donnât : Les ruines d'Athènes,
 la Chartreuse de Valbonne, Gain, Chenavari, soit qu'elle nous
 rappelât son voyage en Italie en décrivant Sant-Onofrio , le
jeudi saint à Rome , les environs de Naptes , et surtout en nous
 parlant du Tasse, son poète de prédilection.
    Elle nous racontait souvent comment les événements politi-
 ques l'avaient fait poète. D'une ancienne famille du Dauphiné,
 grande, Ocre, intelligente , belle de son beau regard , de son ex-
 pression artistique et de sa vivacité méridionale, femme d'un
 avocat de Montélimar,et mère de (rois petits enfants, Mme Genton
 avait été épouvantée de la république de 1848. Elle savait que
 les sujets de M. Ledru-Rollin voulaient s'emparer des robes de
 soie de la ville, et sa vaillante pudeur s'était révoltée des pro-
jets dont se vantaient les partageurs.
    Pendant que M. Genton et les autres hommes de courage et
 d'énergie de Montélimar montaient la garde sur la place publi-
 que, sous le commandement d'un vieillard de quatre-vingts ans,
 ancien officier, Mme Genlon, armée de pistolets, surveillait son
 ménage, soignait ses enfants, et ne quittait son salon que pour
 se glisser au fond d'un bûcher d'où elle entendait les propos et
 les chants d'un cabaret voisin. Le danger avait été souvent si
 menaçant, si près, si imminent, qu'à plusieurs reprises elle avait
 embrassé ses enfants avec la pensée qu'ils allaient être privés de
 mère, sa résolution étant bien prise de ne pas tomber vivante
 entre les mains de MM. les républicains.!