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418 LE PAGE DU BARON DES ADRETS. quillité qui contrastait si profondément avec les hor- reurs commises à la prise de la ci lé? les habitants s'é- tonnaient, les prudents se méfiaient, les politiques cherchaient la clé de ce mystère. Cette clé se trouvait au château de Pierre-Scize où bien des événements avaient eu lieu. Lorsque le baron des Adrets avait é(é arraché mourant du caveau funéraire de l'Ile-Barbe, il avait été apporté au château de Pierre-Scize où les soins les plus attentifs lui avaient été donnés. En présence des dangers que couraient les huguenots, Bancon avait jugé prudent de cacher la maladie du chef en qui reposait tout leur es- poir. Prenant le commandement, feignant de faire exé- cuter des ordres qu'on était censé lui donner, il.avait fait face à toutes les difficultés; enfin Beaumont avait repris sa connaissance el le médecin avait répondu de sa vie et de sa santé. Quand le terrible huguenot promena pour la première fois son œil étonné et, inconscient autour de lui, son re- gard s'arrêta sur une femme avide de suivre son premier mouvement, sur une tête admirablement belle, sur une figure tendre et anxieuse qui épiait avec bonheur ce re- tour inespéré à la vie. Son cœur battit, son coi! s'illumina, un éclair de raison traversa son cerveau et ce fut dans uo cri de joie et en lui tendant les bras qu'il prononça ces deux noms qui n'en faisaient qu'un: Fla.vio! Ma- rianne ! — Oui, Flavio, méchant, voire Flavio qui vous soi- gne, qui vous veille et qui a cru pendant de longs jours avoir perdu son ami el son protecteur. C'est Fiavio, à la tendresse de qui vous vous êtes dérobé pour aller courir à des aventures dangereuses, aussi insoucieux des affaires de l'Eglise et de votre armée que des angoisses de ceux qui vous aiment. C'est Flavio, et voici, là , lais- sant couler des larmes sur sa mâle figure, votre fidèle Blancon qui, pendant votre maladie, a gouverné Lyon sous votre nom et avec tant de prudence et d'habileté que nul ne sait le danger que nous avons couru de per-