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366 LES BEAUX-ARTS A LYON. tiste s'en faisait gloire : « J'en ai, dit-il en parlant des trompes (1 ), ordonné et conduit il y a longtemps deux au- tres à Lyon beaucoup plus difficiles et d'assez grande sail- lie, vu le petit lieu où elles sont et aussi que l'une est biaise rampante, soubaissée et ronde par le devant ; l'autre estant à l'angle opposite fut faite en sa pleine montée, ronde par le devant et de grande saillie. Sur chacune des dites trompes furent érigés des cabinets accompagnés d'une ga- lerie d'une trompe à l'autre, le tout estant suspendu en l'air afin de servir pour aller d'un corps d'hôtel à l'autre et ac- commoder les cabinets pour les chambres. Laquelle chose rend ces deux logis fort aisés et commodes (l*2) qui autrement étaient très-mal à propos et fort incommodes pour n'y pou- voir rien construire à cause de la cour qui était étroite et longue. » Outre ces deux trompes, Philibert Delorme trou- vait heureux l'emploi qu'il avait fait des deux ordres ionique et dorique dans la décoration extérieure de la même galerie (3) ; c'était peut-être le premier essai que l'on faisait en France du mélange des ordres, à l'imitation de l'architecture italienne, et c'est à ce titre sans doute que l'architecte l'a appelé sa création. Au reste, Philibert De- lorme montre la même " faiblesse d'amour-propre lorsqu'il donne comme inventées par lui et nomme colonnes fran- (1) Traité d'architecture, livre IV, chap. 2. (2) Cette préoccupation du confortable se traduit par les moyen* de rendre les pièces indépendantes, d'empêcher les cheminées de fu- mer, de placer convenablement les fenêtres, les portes, les cheminées, etc. — Voir Philibert Delorme, Traité d'architecture, liv. III, VIII, et IX. (3) Pour tout ce qui a rapport à l'appréciation des œuvres de Phili- bert Delorme, on lira avec intérêt l'éloge de cet architecte, par M. Fla- chéron, éloge mis au concours par l'Académie de Lyon, en 1814:1« mémoire de M- Flachéron fut couronné.