page suivante »
VIEUX CHATEAUX DU LYONNAIS. 297 historiques, il nous est bien permis de donner un regret à ces dévastations accomplies froidement et presque sans profit pour leurs auteurs. L'œuvre des siècles, déjà si avan- cée, sera bien assez vite accomplie. Mais au moins si la main de l'homme ne lui vient pas en aide, il nous sera permis d'admirer longtemps encore ces ruines vénérables. C'est qu'en effet, malgré les outrages du temps et des hommes, le château de Châtillon n'a point perdu ce carac- tère de grandeur, qui le plaçait jadis au premier rang parmi les châteaux forts destinés à la défense de la fertile vallée de l'Azergues. Quand, au détour du chemin, le vieux ma- noir apparaît à vos regards avec ses masses imposantes, on s'arrête étonné devaut ce fier donjon qui nous révèle la puissance des hauts barons qui en firent leur demeure. Bâtie avec cette pierre de couleur jaune ocrée que fournis- sent abondamment les environs de Châtillon, l'antique forteresse n'a point l'aspect triste et mélancolique que présentent d'ordinaire les ruines. Contemplez, des coteaux qui bordent la rive droite de l'Azergues, ces hautes tours qui se profilent hardiment sur l'azur du ciel; voyez-les, aux premiers rayons du soleil levant, se colorer de cette teinte puissante qui défie le pinceau de plus d'un artiste, et que l'on ne retrouve dans aucun de nos monuments les plus célèbres, et vous comprendrez ce que devait être le château de Châtillon au temps de sa splendeur. Il semble alors que tout n'est pas mort dans cette enceinte silencieuse, et l'imagination se plaît à lui rendre et sa couronne de créneaux et les hommes d'armes qui veillaient jadis à sa défense. On croit voir briller, au sommet de ses remparts, l'armure des chevaliers; on croit entendre l'appel aux armes des sentinelles ; la herse se baisse devant les assail- lants; le clairon sonne; les échelles se dressent contre les murs de la forteresse; écoutez les cris des combattants, c'est l'assaut avec toutes ses fureurs; voyez la bannière du vainqueur qui flotte sur la plus haute t o u r . . . C'est Thibaud d'Albon, un rude batailleur, qui vient d'enlever