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262 LE PAGE DV BARON DES ADRETS. dire qu'il brûlerait la ville pour assainir les marais et aus- sitôt il fit commencer l'attaque. Mais, ainsi que l'avait jugé Bionnais, les bourgeois étaient vaillants et les remparts solides. Les huguenots furent repoussés et le drapeau catholique continua tran- quillement à flotter sur les clochers et les tours de l'hé- roïque cité. Alors se passa un de ces actes trop communs dans l'his- toire. Montbrun déclara qu'il renonçait aux. hostilités ; il fit proposer une convention qui, en arrêtant l'effusion du sang, lui permettrait de continuer son chemin vers les montagnes. Trop confiant, Bionnais accepte ; une capitulation en règle est signée ; les bourgeois rassurés, ouvrent leurs portes ; mais à peine les défenseurs de la cité ont-ils quitté leurs armes que les huguenots se préci- pitent; ils envahissent les rues et les maisons, pillent les édifices publics et particuliers, égorgent qui leur résiste, souillent les églises et les chapelles, détruisent les em- blèmes et les ornements du culte et livrent la place aux horreurs d'une ville prise d'assaut. Il fallut de longues années à Villefranche pour se re- lever de ses ruines ; quant à la terreur qu'elle éprouva, elle s'en souvient encore et la trahison de Montbrun vit, après trois siècles, dans plus d'un souvenir. Malgré l'avis deses lieutenants qui l'engageaient à mar- cher sur Thizy et à frapper les catholiques au centre de leur puissance, Montbrun se mit à ravager les belles cam- pagnes qui arrosent PAzergue et la Saône ; cette magni- fique contrée, jardin de la France, couverte de riches vil- lages, de fermes opulentes, d'élégants et forts châteaux, fut, pendant plusieurs jours, livrée à l'avidité d'une ar-