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170 MARBRES ANTIQUES. brcs de toute espèce, et l'existence d'un vaste dépôt était chose absolument nécessaire. Un archéologue distingué et bien connu dans le monde savant, M. P.-E. Visconti, eut la pensée, dans le courant de 1868, d'exécuter des fouilles au milieu du sol de la Marmorata. Ses prévisions n'ont pas été déçues, et l'on a, en effet, découvert une grande quantité de blocs de marbre. Le cipolin s'y trouvait en abondance, et M. Visconti put en envoyer deux su- perbes blocs au palais du Vatican. Paul SAINT-OLIVE. CHRONIQUE LOCALE Les mois se suivent et ne se ressemblent pas. Juillet nous avait donné des chaleurs lorrides, des jours brûlants qui faisaient ressembler la France à une Nigritic el Lyon à une de ces villes calcinées où on ne sort que la nuit. On dit qu'en plusieurs endroits on commençait à voir pousser des bambous et des palmiers, qu'un vol d'autruches avait traversé la ville et qu'aux environs de Crémieux on avait semé des graines de cotonnier. Août nous a rendu les brises parfumées de mai, les douces fleurs, les ros- signols et les abeilles ; juillet nous avait livré à l'horreur des grèves, aux haines politiques, aux hommes donnant assaut à la société; août est venu avec les vacances, ouvrant les portes aux collèges, supprimant les pen- sum, pardonnant aux paresseux et aux jaloux, couronnant les diligents et jetant l'oubli à pleines mains sur les convoitises, les turbulences et les hypocondries. Juillet avait troublé le pays, août le calme. Juillet avait soufflé le vent, août illumine. Puisse septembre tout raffermir et tout rasseoir. — Les fêles civiles et religieuses du 15 avaient attiré une foule inac- coutumée ; de mémoire d'homme on n'avait vu envahissement plus complet. L'étroite église de Fourvicres, assiégée par les populations rurales, de- mandait à grands cris à être remplacée par le splendide monument rêvé par Bossan ; les vastes quais étaient noirs de cette population aqua- tique amie dos régates ; des tables venues dos provinces voisines cou- vraient les promenades et les trottoirs; les danses elles-mêmes avaient des partisans ; le soir, on ne pouvait circuler sur le quai Saint-Antoine, un des plus beaux qui existent, et sur cette place de Bellecour, une des plus vastes que nous connaissions, tant la foule attirée par le feu d'artifice et les illuminations était pressée et compacte; partout, d'ailleurs, calme,