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168 MARBRES ASTIQUES. des beaux-Arts de Lyon, m'a dit que dans son voyage du Levant il avait rencontré plusieurs gisements de cipolin entre Smyrne et Éphèse. Si ce marbre est bien réellement celui que les anciens exploitaient à Caryste, Pline nous apprend que l'on en faisait déjà usage à Route, à l'époque de César. En effet, Mamurra, che- valier romain, préfet des ouvriers, fabrum, du vainqueur des Gaulois, fut le premier qui orna sa maison de colonnes en mar- bre de Caryste (xxxvi, 7). Catulle a fait une satire contre ce Mamurra (carm. 29), et il nous le représente comme un homme qui, après avoir débuté en dilapidant la fortune de son père, sut ensuite parfaitement faire ses affaires dans toutes les adminis- trations qu'il dirigea •, c'était ce que nous appellerions un homme intelligent. Ce marbre de Caryste était devenu un luxe à la mode, car Martial, dans une des épigrammes dont il accable le malheureux Tucca, lui fait le reproche d'avoir construit des bains en marbre carystien : Idem bealas lauhis extruit thermas De marmore omni quod Carystos invertit. (ix, 77). Lecoq et Girardin, dans leur Traité de minéralogie, citent un gisement de cipolin en Egypte, et Beudant en indique un sur la côte de Gênes. Quoi qu'il en soit du gisement, les anciens Romains ont beau- coup employé ce marbre, et les dix colonnes monolithes qui sou- tiennent l'entablement du temple d'Antonin et Faustine, sur la voie sacrée, méritent d'être signalées. Dans l'Ilinerario di Rama de Nibby, le marbre de ces colonnes est ainsi désigné : Marmo caryslio, deUo cipolino. Lorsque ce marbre a été débité dans de bonnes conditions, il prend un magnifique poli ; mais pour cela il faut le scier en contre-passe, c'est-à -dire en un sens perpendiculaire aux feuillets du talc. Sans cette précaution , on obtient un faible brillant, et le talc, par suite de sa friabilité, s'altère promptement. Ainsi, les susdites colonnes du temple d'Antonin et Faustine, sciées en