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              LE V'AGE DU BARON IMÃS ADRETS.             81

    Vers les premiers jours, Polidino, le secrétaire, en-
traîné par les distractions et le plaisir, avait négligé de
copier un travail important. Avertie par Bras-de-fer, je
lis la copie dont le baron fut aussi surpris que satisfait,
ce qui sauva une punition au secrétaire en titre; depuis
ce jour, Polidino et moi nous nous partageâmes cet em-
ploi, lui plus savant, moi plus exacte et plus précise, et
depuis lors la correspondance du général ne laissa plus
rien à désirer.
    Voilà ma vie et mes malheurs, ô vous qui m'avez
écoutée. Sauvée et protégée par le baron, je cherche à
payer ma dette de reconnaissance par mon zèle et mon
dévouement. Je corresponds avec les chefs huguenots
de la France entière; je connais les secrets de la guerre,
les ambitions des personnes, le faible des grands et des
rois. Gondé n'a pas dédaigné d'écrire à l'humble page
et de le prier d'influencer le général pour le mettre encore
 plus avant dans ses intérêts.
     Surtout je cherche et de cela peut-être, un jour, la
 postérité me saura gré, je cherche à calmer cette vio-
 lence qui a rendu le baron si redoutable. Irrité contre
 les Guises, exaspéré des injustices qu'il a subies, il fait
 payer cruellement au populaire les torts que lui ont fait
 les seigneurs. Il se plaisait dans le sang, il souriait aux
 supplices ; je crois que chaque jour j'adoucis de plus en
 plus son cœur et celte tâche que je me suis donnée, ce
  devoir sacré que je m'impose me font attendre sans im-
 patience le jour où je rentrerai sous le toit paternel.
     Marianne en était là de son récit, la jeune blessée s'é-
  tait arrêtée en souriant à ses compagnes, quand son
  oreille exercée s'ouvrit à un bruit lointain qui semblait
                                                  G