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       LA QUEUE D'UN SINGE




   Connaissez-vous mon brave ami Claudius-Petrus-Ma-
rius Chevassus, qui loge quelque part, rue Belle-Cordière,
près l'imprimerie dont ces lignes ont fait gémir les presses
et peut-être aussi le directeur?— ( Oh, ces poètes ! . . . )
   Vous ne le connaissez pas ? — Tant pis ! je vous plains.
Claudius (écourtons son extrait de naissance), Claudius
 est un homme d'excellentes relations, joyeux compagnon,
 bien posé, jouissant d'un joli revenu et d'une santé athléti-
 que, le cœur sur la main, la bourse pas loin ; reçu dans le
meilleur monde, estimé de chacun et               fui par tous.
   Hélas oui ! Claudius a un horrible défaut qui produit le
vide autour de l u i . — J e vous entends, il est         — Pas
 du tout ! son haleine est saine et fraîche comme celle d'une
vierge qui ne prise pas et ignore la cigarette. Je vous le
dis en vérité, c'est un-garçon charmant.
   — Mais ce défaut ?
   Ce défaut est rare mais triste : Mon ami est un savant....
trop savant ; non pas un savant pour rire, comme tel mem-
bre de l'Institut, ou tel professeur à la Sorbonne ; il n'a
inventé aucune planefte ; il n'a jamais mis Dieu en équa-
tion, ni créé de système philosophico-algébrique ; il n'a
rédigé aucun livre classique au point de vue commercial....
mais c'est un vrai savant           en us comme son nom.
   Et voilà pourquoi avec beaucoup d'amis, il manque de
camarades. En général l'inverse a lieu. Pour lui c'est comme
cela.
   Moi, qui YOUS parle, je suis très-patient, je l'avoue sans