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                         BIBLIOGRAPHIE.                          41

suffira de lui emprunter quelques traits pour vous rappeler la
grande image de Cluny au temps de sa puissance. — Cluny fut
une véritable monarchie, comme Citeaux une république. Toutes
ses colonies pratiquèrent les mêmes observances, furent soumi-
ses à la direction de son abbé. Cluny eut sa liturgie, ses chants,
ses offices qui furent adoptés par l'Eglise. 11 établit la fête des
Morts. En art, il créa son architecture avec ses types, son orne-
mentation, son iconographie. Il eut son enseignement et ses
écoles, multiplia en France, en Italie, en Espagne, ces églises
dites clunisiennes, qui sont la plus noble et la plus sévère expres-
sion de l'art monastique. Notre pays abonde en spécimens de ce
genre. La richesse de Cluny effaçait les plus grandes existences
féodales. Cluny donnait le pain de chaque jour à 47,000 pauvres.
On l'appelait l'auberge de la France entière. En politique, il fut
le guide et le conseil des souverains, le bienfaiteur des peuples.
Jl institua la Trêve de Dieu. Cluny fournit à l'Eglise 24 papes,
200 cardinaux, 400 archevêques, 7,000 évêques. On peut dire,
ajoute en terminant l'historien de saint Martin, qu'au XIIe
siècle, deux, moines de Bourgogne gouvernaient le monde, l'un
à Cluny, l'autre à Citeaux, un sage et un tribun de l'école de
J.-C, une pensée calme et une pensée ardente, Pierre-le-Vénéra-
ble et saint Bernard.
   Tel est Cluny à son point culminant. M. Pignot le suit depuis
ses modestes origines jusqu'à l'apogée de sa splendeur. Dans
une vaste et savante introduction, M. Pignot retrace les vicissi-
tudes de l'ordre bénédictin depuis ses premiers établissements
dans la Gaule, la supériorité de la règle de saint Benoit ; il en
fait connaître les résultats, l'influence, et il en signale la déca-
dence à l'époque des derniers Carlovingiens. Ce qu'il fait ressor-
tir avec beaucoup de précision c'est l'utilité de ces associations,
quand les évêques suffisaient à peine à leur tâche, qui consistait
à défendre leur troupeau contre les abus de la force, à lutter
contre les exactions des princes et contre les empiétements de
l'hérésie. Dans ces temps de calamités et de souffrance, les mo-
nastères étaient un refuge-Ils offraient l'image et le type d'une
société en quelque sorte idéale où chacun pouvait aspirer, les