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LES BEAUX-ARTS A LYON. '15 tience et l'adresse ne manquaient pas aux artistes lyon- nais. Combien nous nous félicitons du bon goût qui a éloi- gné les maîtres - maçons chargés de construire l'église Saint-Nizier, du luxe fatigant d'ornementation prodigué dans les églises contemporaines ! La piété des fidèles a en effet élevé cette église dans le même temps où l'on cons- truisait à Rouen l'église de Saint-Ouen et .à Abbeville l'église de Saint-Volfrang. En comparant ces trois monu- ments appartenant au style flamboyant, on demeure frappé de la sobriété d'ornementation et de la simplicité de lignes qui régnent dans notre belle église du quinzième siècle. A l'extérieur, l'aspect de l'abside polygxmale est élégant et sévère, et la façade latérale septentrionale, avec son charmant tourillon octogone, sa frise dentelée, ses délica- tes balustrades, ses contre-forts décorés de dais et de panneaux, ses hardis arcs-boutants, est riche sans être surchargée. A l'intérieur, l'élévation des voûtes et l'harmonie des proportions donnent à l'église un air im- posant : il y a (et l'absence des chapelles rayonnantes autour du chœur confirme cette observation) une évi- dente réminiscence de la cathédrale avec laquelle l'église Saint-Nizier semble vouloir lutter. Remarquons les piliers élégants, la maîtresse voûte hardiment surbaissée et ri- chement nervée, les sveltes colonnes du chœur qui s'élan- cent d'un jet du sol jusqu'à la voûte, la g-alerie habile- ment fouillée et décorée de motifs variés (1), les chapi- (1) Pourfendre moins lourde d'aspect cette haute galerie qui s'élève jusqu'aux fenêtres, on a gradué la masse des ornements : vers le transept à la naissance de la galerie il y a de simples festons, vers le revers de la façade à l'extrémité de la galerie il y a un motif riche- ment sculpté et beaucoup plus volumineux. Cette gradation du sim- ple au compliqué n'aurait-elle pas aussi été calculée pour ajouter à la perspective de la nef ?