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i64 THÉORIE che commune de la vérité établit entre eux les plus intimes rapports. Mais les leçons publiques, en répandant un amour et un zèle de la science qui ne restent pas stériles, ne com- muniquent pas nécessairement la science elle-même. Elles charment plutôt qu'elles n'instruisent celui dont l'indolente réceptivité néglige d'en renouveler l'impression. Si même on a reçu d'une manière tout-à -fait passive la parole du maître, bientôt il n'en reste rien que le souvenir de l'inté- rêt, un moment excité par des idées qu'on ne peut ressaisir. Un ouvrage permet sur ces idées les fréquents retours né- cessaires pour se les approprier, et, en outre, venant moins au devant de nous, il dispense moins de tout effort l'esprit qui retient mieux ce qu'il a plus difficilement acquis. On ne peut donc savoir trop de gré au professeur qui, après une série de leçons, en complète et en fixe l'enseignement par un livre. Parcourir de nouveau la chaîne des idées, en re- trouver les anneaux égarés est surtout indispensable en phi- losophie, où tout est tellement lié que la moindre lacune est un arrêt. Les auditeurs assidus et nombreux de M. Bouillier n'ont pas oublié le cours qu'il a fait en 18fr3, sur la raison imperson- nelle, à la Faculté des Lettres de Lyon. Ces brillantes leçons, leur reviennent aujourd'hui sous la forme d'un bon livre, où l'auteur en appelle, pour ainsi dire, des vives et collectives impressions d'une assemblée à la méditation solitaire de cha- cun de ceux qui la formaient. Plus concis sans être moins clair, il n'a pas moins d'intérêt et de vie ; on y trouve cette lucidité d'exposition, cette discussion rapide et entraînante qui soutient jusqu'au bout l'attention, car la parole du profes- seur ne s'est pasfigéesur ces feuilles qui doivent agrandir son auditoire et l'enceinte où d'abord elle s'est fait entendre. Outre l'intérêt particulier que doit parmi nous éveiller cet onvrage, il appelle l'attention par la grandeur et la nouveauté