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420 ÉTATS-GÉNÉBAUX T)K 1 5 8 8 . Les événements avaient grandi. La Ligue avait pris une consistance séditieuse, et, par la victoire deCoutras, l'intrépide roi de Navarre venait d'ébranler puissamment le vieux trône des Valois. Enfin, la fameuse journée des Barricades avait eu lieu (1). Henri s'était vu contraint à céder sa propre ca- pitale au chef de la Ligue et à ensevelir à Chartres l'humi- liation de cette défaite sans combat. Des honteuses négocia- tions du faible monarque avec un sujet rebelle, sortit ce mé- morable édil d'Union (2) où le roi jurait de nouveau d'extir- per à tout prix l'hérésie, et faisait jurer à tous les Français de ne jamais reconnaître un roi calviniste, promettait de n'admettre aux emplois publics que des sujets catholiques, el accordait une amnistie entière à tous ceux qui avaient pris pari à la journée des Barricades. Un article secret promettait au duc de Guise le titre de lieutenant-général du royaume; mais, par un échange qui indiquait une sorte de retour sur des dispositions trop confiantes, le roi lui conféra celui de géné- ralissime , emploi dont les prérogatives, moins clairement déterminées, étaient plus susceptibles de restriction. La promesse d'une convocation des Etats-généraux, antérieure à ce traité, fui renouvelée à son occasion; le prétexte de cette mesure était la nécessité de pourvoir le trône d'un monarque catholique et du sang royal, à défaut de successeurs directs du monarque régnant (3) : le motif réel, c'est que le duc de Guise espérait y voir consacrer ou même agrandir la portion de puissance qui lui avait été départie Le roi fit précéder celle convocation du renvoi des cinq ministres qui compo- (i) 12 mai i588. (2) Juillet i5S8. (3) Le chancelier de Chivernv nous apprend, dans ses Mémoires ( I. I, p. itig ), qu'il n'avait cessé de s'opposer à celte convocation, qui lui parais- sait éminemment périlleuse dans les conjonctures difficiles où l'on se trouvait.