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   Les événements avaient grandi. La Ligue avait pris une
consistance séditieuse, et, par la victoire deCoutras, l'intrépide
roi de Navarre venait d'ébranler puissamment le vieux trône
des Valois. Enfin, la fameuse journée des Barricades avait
eu lieu (1). Henri s'était vu contraint à céder sa propre ca-
pitale au chef de la Ligue et à ensevelir à Chartres l'humi-
liation de cette défaite sans combat. Des honteuses négocia-
tions du faible monarque avec un sujet rebelle, sortit ce mé-
morable édil d'Union (2) où le roi jurait de nouveau d'extir-
per à tout prix l'hérésie, et faisait jurer à tous les Français
de ne jamais reconnaître un roi calviniste, promettait de
n'admettre aux emplois publics que des sujets catholiques, el
accordait une amnistie entière à tous ceux qui avaient pris pari
à la journée des Barricades. Un article secret promettait au
duc de Guise le titre de lieutenant-général du royaume; mais,
par un échange qui indiquait une sorte de retour sur des
dispositions trop confiantes, le roi lui conféra celui de géné-
ralissime , emploi dont les prérogatives, moins clairement
déterminées, étaient plus susceptibles de restriction. La
promesse d'une convocation des Etats-généraux, antérieure à
ce traité, fui renouvelée à son occasion; le prétexte de cette
mesure était la nécessité de pourvoir le trône d'un monarque
catholique et du sang royal, à défaut de successeurs directs
du monarque régnant (3) : le motif réel, c'est que le duc de
Guise espérait y voir consacrer ou même agrandir la portion
de puissance qui lui avait été départie Le roi fit précéder
celle convocation du renvoi des cinq ministres qui compo-


   (i) 12 mai i588.
   (2) Juillet i5S8.
   (3) Le chancelier de Chivernv nous apprend, dans ses Mémoires ( I. I,
p. itig ), qu'il n'avait cessé de s'opposer à celte convocation, qui lui parais-
sait éminemment périlleuse dans les conjonctures difficiles où l'on se trouvait.