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410 UN SOUVENIR. Et le destin jaloux me poussa vers les villes Où l'on use son ame en des travaux serviles, El là , de nos vallons j'ai rêvé chaque jour. Mais vous on m'a, depuis, dit que vous étiez morte, Non de ce doux trépas qui vers Dieu nous emporte, Mais morte à la vertu, morte pour mon amour. II. Car mon amour, â moi, c'était l'amour d'un frère; J'aimais en vous votre ame et si douce et si fière; Votre air un peu sauvage, el, rose de pudeur, Ce front où du désir rien n'annonçait l'ardeur. Comme du lys si blanc on savoure l'odeur, Je respirais en vous la paix el la candeur: Si parfois un transport, un espoir téméraire Elevait en mon sein un orage éphémère, Soudain vous rhe parliez : je lisais dans vos yeux : Votre ame s'épanchant en flots harmonieux, Goûte à goûte versait son calme dans mon ame. Et, pourtant, on m'a dit, 6 crime, ô trahison, Qu'un soir, après la danse, un étrange abandon Vous avait mise aux bras d'un ravisseur infâme.