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BIBLIOGRAPHIE. 399 La dernière notice sur les médecins lyonnais est un simple et modeste mo- nument élevé par un fils à la mémoire de son père. Heureux qui peut ainsi louer son père et trouver de l'écho dans le souvenir des contemporains ! Honoré-Joseph Pointe naquit à Grasse, en Provence, le 24 décembre 1738. Après avoir fait d'excellentes études, il se voua à l'art de guérir. Admis, en 1764, en qualité d'élève en chirurgie de l'hôpital général de Notre-Dame-de- Pitié du pont du Rhône et grand Hôtel-Dieu de la ville de Lyon, il fut appelé à remplacer, pendant les deux dernières années de son service, le chirurgien gagnant-maîtrise, aujourd'hui le chirurgien-major. L'un des premiers il pra- tiqua l'opération de la taille. A cette époque, Pointe pouvait prétendre à suc- céder à celui qu'il avait remplacé temporairement; mais il avait compris toute l'importance de ces fonctions et il proposa aux Recteurs de mettre la place au concours. Cette proposition portant atteinte aux prérogatives du rectorat, l'administration, pour échapper à sa prise en considération, devança de plus d'une année l'époque de la nomination et fit tomber son choix sur un collègue de Pointe. Ainsi s'évanouirent les espérances du candidat. Mais Pointe ne se laissa pas aller au découragement. Aimant la médecine qu'il étudiait avec goût et cultivait avec passion, il voulut joindre au titre de maître en chi- rurgie, dont on se contentait volontiers alors, celui de docteur en médecine. Bientôt sa clientelle s'étendit. Des élèves se pressaient autour de lui et se pé- nétraient de son savoir et de ses principes. Parmi ces élèves, se faisait remar- quer M. A. Petit, qui devait, plus tard, faire tant d'honneur à ceux qui diri- gèrent ses premiers pas dans la carrière. Petit devint chirurgien-major de l'Hôtel-Dieu et ce dut être un grand triomphe pour le maître de voir parvenir à ce poste son élève de prédilection, précisément par cette voie du concours, refusée autrefois à ses instances et que la raison, aidée du temps, venait enfin de faire adopter. Mais cette vie si bien remplie devait se terminer fatalement : Pointe mourut assassiné, en 1797, laissant un fils, âgé de sept ans, qu'il des- tinait à l'art de guérir et qui devait retrouver plus tard, auprès de M. A. Petit, les conseils, les leçons et les bons offices que celui-ci avait reçus du père. Honoré Pointe a beaucoup écrit sur la médecine ; de nombreux manuscrits sont restés aux mains de son fils. A l'époque où il vivait, les médecins avaient plus rarement que de nos jours recours à la publicité ; le seul ouvrage imprimé sous son nom est un Essai sur la nature et les progrès de la gangrène hu- mide, vulgairement dite pourriture d'hôpital. Si les médecins, dignes de mémoire, occupent à bon droit le premier rang dans le livre du docteur Pointe, on y rencontre aussi des notices intéressantes sur des Lyonnais recommandables à divers titres. L'éloge de C. Maléchard, chef d'escadron d'artillerie, mort en Afrique, mérite une mention toute par-