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354 FUITE ET ARRESTATION — « Vous êtes celui qui a conspiré contre le roi de France et que l'on cherche dans tout le pays, lui répondit la vieille femme, en examinant les habits déchirés de Didier, l'affaisse- ment de son corps, la pâleur de ses traits, dont le signale- ment était déjà connu. » Didier tressaillit, et après un moment de silence : « Eh! bien, oui, je suis Didier; livrez-moi à la justice, si vous le voulez, mais, de grâce, laissez-moi prendre quelque nourriture et un peu de repos. » — « Vous livrer, nous! s'écria la pauvre femme : il n'y a dans tout le pays qu'un malheureux qui soit capable de ven- dre son hôte : c'est Balmain. Entrez, ce n'est pas nous qui vous trahirons jamais.» La halle fut courte ; il y avait à peine quelques instanls que Didier s'était réfugié dans ce nouvel asile, lorsque le maître de la maison rentra. En apprenant quel était l'é- tranger assis à sa table, cet homme déclara qu'il ne pouvait pas le garder plus longtemps, sans s'exposer aux recherches de la police piémontaise, qui, depuis le matin, était sur pied et fouillait toutes les maisons de la vallée d'Arves. « Un de mes fils, ajouta-t-il, vous conduira dans une grange isolée au milieu des bois, et là , on vous portera des vivres chaque nuit, jusqu'à ce que vous soyez en état de continuer votre voyage. » Il fallut se résigner ; Didier quitta donc la chaumière et sui- vit l'enfant qui le précédait. Pendant ce temps là , Balmain poursuivait son œuvre. Re- venu à Sainl-Sorlin avec les carabiniers royaux de Saint- Jean de Maurienne, il se mit en fureur, lorsque sa femme lui eut appris le départ de Didier et avoué que c'était elle qui l'avait exhorté à fuir. Balmain tremblait d'avoir la honte de la délation sans en pouvoir escompter au moins les profits. Aussi l'inutilité des recherches auxquelles se livraient les ca- rabiniers royaux, irritait-elle sa cupidité, excitée encore par