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L'ABBÉ PERRIN. 231 — Monsieur l'abbé, commença-t-il, vous ferez excuse, mais je voudrais..., me confesser. L'abbé Perrin regarde au nez du soldat, à ses épaisses moustaches d'un blond ardent, et puis il dit : On n'en voit pas tous les jours de cette tournure. La frêle esca- belle où se pose la jeune fille ne se brisera-t-elle point sous le poids de ce colosse?... Qu'importe ! c'est un pêcheur qui revient à Dieu... Je suis à vous, mon fils, bénissez le Seigneur qui vous ramène dans la voie du bien. Et ils s'en allèrent en compagnie, le dragon et le prêtre au lieu où l'on confesse. M. l'abbé Perrin fit sur le front du soldat toutes les bénidictions d'usage et quand il eût fini. —-Mon père lui dit le dragon, en laissant sortir de sa poitrine un long soupir, donnez-moi l'absolution, parce que demain je ne serai plus. — Comment? que voulez-vous dire? Mon père, je dois me battre en duel ce soir, et je connais trop mes devoirs de chrétien pour attenter à la vie de mon semblable... Je suis plus fort et plus habile aux armes que mon adversaire, je pourrais le tuer, j'aime mieux qu'il me tue.... Mon père, votre bé- nédiction et l'absolution, s'il vous plaît? — Et quoi, y songez-vous, mon enfant? — Oui mon père ; voilà le fait : j'ai toujours eu de grands senti- ments de religion. Je suis le neveu de l'abbé Chopin. -— L'abbé ChopinJ Je ne connais pas. — Ce n'est pas étonnant, il demeure à Carcassonne. Mais peu importe la demeure de mon oncle, l'abbé Chopin.... Je me prome- nais donc hier à Perrache, avec des soldats de la garnison. On parla de religion, je la défendis... Un grenadier m'appela cagot, capucin, jésuite. Je répliquai ;... il tira son sabre... Moi, dans le premier mou- vement de colère, je le saisis, et le cassai. Il me faut aujourd'hui payer le sabre ou me battre. J'aurais besoin de 25 francs, et je n'ai que trente sous.... Je me battrai. Je vais vous remettre mes trente sous, vous les donnerez à un pauvre après ma mort et vous