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                          L'ABBÉ PERRIN.                           229
et songea à ses amis de toute sa vie, assignant un petit écu à cha-
cun des cent pauvres qui l'accompagneraient au cimetière.
   Le nom de l'abbé Perrin était et restera longtemps populaire dans
notre ville. Ce ne fut ni par l'élévation de son esprit, ni par des
facultés brillantes qu'il mérita cette honorable popularité; il ne la
devait qu'au génie de son cœur, et ce lot est assez beau pour le
prêtre, c'est faire un assez bel éloge d'un ministre de Jésus-Christ,
que de proclamer son inépuisable charité sur la pierre qui le couvre
à jamais.
   L'anecdote suivante, que nous fournit le Journalde Saint-Etienne,
témoigne de la simplicité de cœur de notre vénérable abbé. Voici
comment nous la raconte M. Béliard :

    Le principal héros de cette aventure, est un dragon, un gaillard
de cinq pieds neuf pouces ; il s'en allait grave et rêveur, portant les
doigts sur le poil de sa moustache blonde, et comme s'il se fut amusé
à écouter le bruit de son sabre qui tombait avec monotonie sur les
 pavés pointus des rues de Lyon. Ainsi rêvant, le dragon heurta les
marches usées d'une gothique église ; je ne sais si c'était Saint-Jean
ou Saint-Nizier, ou quelque autre vénérable relique de la piété de
nos pères; toujours est-il qu'après avoir, à la manière d'un mem-
bre du comité des recherches historiques, promené avec amour ses
yeux le long de toutes ces dentelles de pierres qui couronnent et
accompagnent si gracieusement les vieilles ogives.... 1 entra.
                                                           1
   Dans l'église,il y avait une dévote personne disant son chapelet,
puis un bon vieillard, revêtu d'une soutane usée, qui lisait sainte-
ment les Heures de son bréviaire. La bonne figure du prêtre révé-
lait une ame pure et candide comme celle d'un enfant, et sa pauvre
soutane, dont les fils avaient blanchi comme ses cheveux, semblait
dire tout ce qu'il y avait de simplicité et de charité chrétienne dans
celui qui la portait.
   — Comment appelle-t-on ce prêtre? ma bonne dame, dit le dra-
gon à la dévote ?
   — L'abbé Perrin, répond celle-ci ; un saint homme qui aime les
pauvres comme un père ses enfants, et qui donne aux malheureux
tout ce qu'il a