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214                 BARTHÉLÉMY TiSSEUB

à cette terre mauvaise, que vous l'avez traversée sans jamais
lui appartenir : de telle sorte qu'au jour où Dieu vous a rap-
pelé dans son sein, le passage d'un monde à l'autre a dû
se faire pour vous sans étonnement. Vous êtes entré dans
l'idéal comme dans une demeure bien connue; c'était pour
vous le foyer paternel, et vous le quittiez rarement; main-
tenant sa chaleur et sa lumière vous enveloppent à jamais.
    Vous êtes parvenu avant l'âge au terme de l'initiation.
Qu'auriez-vous fait plus longtemps de la vie? Vous aviez
étouffé en vous toute ambition terrestre. Vous aviez si bien
dompté l'égoïsme et la personnalité, que Dieu seul vivait en
vous. Vous ne participiez aux émotions de ce monde qu'à
travers l'ame de vos amis ; nos peines étaient vos peines,
nos joies étaient vos seules joies. Je le sais, moi dont vous
adoptiez toutes les souffrances ; moi qui vous emprun-
 tais à chaque instant les forces de votre esprit et de votre
cœur pour accomplir mes douleurs et mes travaux, et qui
vous trouvais toujours prêt à vous dépouiller de votre sé-
rénité et de votre puissance pour en revêtir ma faiblesse et
mon ennui.
    Mais nous pouvons la continuer encore, à travers l'invisible,
 cette intime communion, ô mon ami! car votre pensée vit en
moi; elle m'est aussi présente qu'aux heures où vous ré-
pandiez sur nous la lumineuse chaleur de votre inspiration.
Chaque idée qui s'élève dans mon sein contient quelque chose
de vous ; la meilleure part de mon intelligence, c'est votre
 enseignement toujours vivant. Dieu n'envoie pas des esprits
 tels que le vôtre pour traverser le monde sans laisser de
 traces. Les grandes semences de vérité qui furent déposées en
vous, ne se perdront pas tant que nous aurons la force de la-
bourer le champ de la parole. Et vous, vous rayonnerez sans
cesse sur nous de là-haut ; par l'intermédiaire de votre ame,
 nous communiquerons avec la vie divine ; le calme et la force