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BARTHÉLÉMY TISSEUR. 209 ces de la vanité. Mais maintenant, ô mon ami, vous n'êtes plus ici-bas le maître de voire nom; c'est à nous qu'appar- tient désormais le soin de cette part de vous-même; c'est no- tre devoir et notre consolation de l'environner aux yeux de tous de la respectueuse tendresse que vous nous inspiriez. Vous le savez, mon ami, je contenais à peine devant vous le besoin de révéler les merveilleuses profondeurs de voire ame, où Dieu m'accorda de lire plus avant que personne, et qui ne tarissait pas pour moi de douce affection et de graves enseignements. Aujourd'hui, ces poésies, animées de votre souffle, vont se produire dans un monde où vous n'êles plus; à lous ceux qui leur feront accueil, je veux qu'elles vendent témoignage de l'abondance de vie que mon esprit a reçue du vôtre. Pendant ces années fraternelles de notre jeunesse, tour- menté de la soif commune, j'ai puisé à bien des sources de savoir; j'ai ouvert bien des livres, j'ai interrogé bien des hommes, et jamais je n'obtins des paroles si fécondes que les vôtres sur les choses de Pâme et sur celles de Dieu. Vous possédiez quelque chose de mieux que toutes les sciences acquises par l'élude froide et bornée; ce rayon qui illumine tout homme venant en ce monde, vous le portiez en vous plus large el plus ardent, plus pur de toutes les ombres qu'y mêlent chez nous les égarements de la volonté. Vous regardiez tout à cette lumière, et vous jugiez plus sagement, avec votre instinct rapide, que tout autre avec le lent appa- reil de la réflexion. Votre cœur, riche de l'élément divin, r e - trouvait et reconnaissait partout la Divinité.Vous aviez le don de sentir sans hésitation ce que chaque objet renferme en soi de l'éternel et de l'absolu. De là chez vous cette indulgence qui nous étonnait, pour des choses dont nous ne connaissions que la surface, mais au fond desquelles vous aviez découvert une seule étincelle de l'idéal; de là aussi votre sévérité pour lanl d'œuvres sanctionnées par la foule, mais qui manquaient 14