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LOUISE LABÉ. 207 bords enchantés du Rhône et de la Saône semblaient faits pour elle et s'harmonisaient parfaitement avec son imagina- tion riante et calme. L'été venu, elle se confiait â ces eaux de la Saône, que le bateau â vapeur sillonne aujourd'hui vingt fois le jour, et une frêle embarcation la déposait à Parcieux, dans sa maison de campagne où s'ouvrait la vil- légiature de la Belle Cordière. Ainsi sa vie s'écoula dans un cercle riant, animé, plein des douces émotions de la vie de province, et elle n'eut môme pas le désagrément de vieillir, car la Belle-Cordière ne dépassa pas quarante ans. D'où vient donc que Louise Labé a survécu, quel est le se- cret de celle admiration qui renaît après plusieurs siècles? Le temps n'a rien ôlé à la renommée de la Belle Cor- dière, parce que ses inspirations se trouvent puisées aux véritables sources du beau, de l'idéal, dans l'étude des senti- ments du cœur humain. Elle marqua le premier pas dans la carrière de l'émancipation de son sexe; elle créa en France une vocation , une profession qui n'a nulle part été aussi parfaitement comprise et embrassée ; elle sut se renfermer dans l'ordre de sentiments et d'impressions assignés à son sexe par les immuables lois de la nature, pour le fond, et, pour la forme, par les convenances sociales de son époque. Dans le genre de mérite qui la recommande à la postérité, aucune renommée n'a rivalisé la sienne. Louis ROUX.