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100 EXPOSITION DE 18-13-1844. Un travail qui semble en relief, des masses de brun, de jaune, de vert jetées pêle-mêle dans le tableau de M. Desombrages, fatigu^ l'œil et l'empêche peut-être de rendre justice à quelques-unes des qualités de ce paysage. M. Servan est plus sage d'effet, plus sobre de couleur, et se fait remarquer par un certain goût dans l'arran- gement des sites qui sont toujours bien choisis; mais son paysage manque un peu d'air; le travail trop fini des arrière-plans ôte de la profondeur à son tableau qui est loin d'être sans mérite. Nous avons quelque sympathie pour la peinture de M. Sutter ; ses compositions ne sont pas ambitieuses, mais tout y est calme, tranquille, sans effets forcés; il pourrait se faire que M. Sutter fût un de ces hommes qui n'osent pas assez, parce qu'ils voient au- près d'eux qu'on ose trop. Du nombre do ces derniers est M. Hos- tein qui nous montre, cette année, le paysage descendu au rang de la peinture d'éventail. Thuillier a, au salon, trois petits tableaux fort distingués par leur exécution et par la vérité de la nature qu'il a représentée; nous avons remarqué surtout sa Voie des tombeaux. Peut-être le ciel est-il un peu plat et d'une couleur équivoque, peut-être le (on général laissât-il à désirer un peu plus de solidilé, et simule-t-il trop les tons de l'aquarelle; mais ce chemin qui descend, cette lu- mière qui circule avec liberté sous ce massif d'arbres, sont d'assez bonnes choses pour effacer quelques défauts. Voilà une vue prise aux environs de Nice, par Robert, dont l'as- pect est charmant. Les seconds plans et les fonds y sont pleins d'air et de transparence; les eaux remplissent ce lieu d'une fraî- cheur humide fort habilement exprimée. Le même pays a fourni un joli motif à M. Léon Fleury, qui a bien rendu cette végétalion sèche et rabougrie, ces lièges tortueux, ces rochers où le thym et la mousse peuvent seuls croître; il y a, dans les collines à gauche, certains passages de couleur exécutés avec une grande adresse ; au total, c'est un des jolis paysages du salon. Nous avons hâte d'arriver au tableau de M. Diday qui, contre son habitude, nous a représenté cette fois la nature en habits de deuil ; des nuées orageuses parcourent un ciel qui se montre lumineux à travers l'orage ; des chênes à la chevelure sauvage, tourmentés, brisés par la tempête, des eaux endormies sous des roseaux, voilà avec quoi M. Diday a fait un tableau, où, selon nous, le fini du travail a un peu nui à l'inspiration; sans doute, ces mousses, ces lichens sur l'écorce des arbres sont parfaitement exécutés, mais ils se montrent partout dans la même perfection; quelques parties un peu lâchées auraient mieux fait valoir les qualités incontesta- bles de ce tableau très supérieur, du reste, à tout ce que nous con- naissions de son auteur. Il y a un coin du ciel et du fond qui rap- pelle les plus beaux Ruysdaël. Si, au lieu de leur teinte uniforme, quelques unes des masses de feuillage avaient pris les riches teintes de l'automne, l'aspect général du tableau y aurait gagné. Quoiqu'il