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t>4                  DK LA PHKÉNOLOGIE.

injustices de l'envie : enfin, plus que tous autres, ils ne sont
justiciables que de leurs pairs.
   Mais lorsque ces sciences spéciales sortent des catégories
distinctes, où l'abstraction philosophique les a placées dans
le but d'une plus scrupuleuse étude des phénomènes, et
qu'elles tendent, en s'élevant dans la sphère métaphysique,
à s'unir ou à lutter avec une idée reçue dans cet ordre, alors
elles échappent à leur prison scientifique pour entrer dans
le domaine public de l'intelligence, et ne peuvent aspirer au
véritable succès qu'après avoir subi la seconde épreuve, et
réuni l'approbation des philosophes à celle que leur avaient
donnée leurs experts : cet accord entre ces deux jurys de j u -
gement doit être une condition de rigueur; car s'il était indif-
férent, la vérité ne serait pas une, c'est-à-dire que la vérité
ne serait pas la vérité. Mais, si ce double assentiment est le
plus incontestable signe du mérite de ces sortes d'ouvrages,
il est malheureusement vrai également que rien n'est plus
difficile à obtenir. L'esprit d'exclusion domine les savants
spéciaux et influe sur les décisions qu'ils s'infligent ré-
ciproquement. Rien alors n'est plus triste que la situation
d'esprit de ces hommes qui, sans appartenir à ces deux aris-
tocraties de la pensée, constituent cependant avec elles la
grande masse intelligente, et recherchent le vrai avec non
moins d'ardeur et de bonne foi. D'une part, en effet, le
naturaliste les presse avec sa logique d'observations et de faits
qu'ils ne peuvent contrôler, grâce à la mystérieuse termi-
nologie dans laquelle il se drape : d'autre part, aussi, le phi-
losophe, plein d'un insultant dédain pour les méthodes ex-
périmentales, les entraîne avec lui dans ses spéculations nua-
geuses, souvent tout aussi inaccessibles à ces infortunés. Que
faire alors, surtout lorsque la question les intéresse et qu'elle
louche, par exemple, au grand problème de leur nature ?
Ils seraient condamnés au doute éternel, s'il ne survenait