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M                        DES PASSIONS

est parti de cette idée : les passions, qui constituent le fond de
toute espèce de drame, sont toujours les mêmes; donc, il
suffit, pour étudier les divers théâtres, de prendre celles d'en-
tre ses passions dont la scène a le plus fait usage et de com-
parer les diverses expressions données au môme sentiment
par des littératures d'époques différentes. Le but de f a u -
teur, c'est de chercher lesquels, des anciens ou des moder-
nes, se sont le plus rapprochés de la vérité dramatique; son
procédé pour y arriver, c'est de comparer les œuvres con-
temporaines avec celles du passé. Mais, comme chaque sen-
timent, chaque passion donne lieu à un examen séparé, ce
ne sont pas des œuvres complètes qui sont rapprochées, mais
quelques pages, quelques scènes, quelques lignes.
   Ce procédé, qui au premier coup d'œil semble mettre beau-
coup d'ordre et de netteté dans les études, est bientôt reconnu
pour funeste, quand on a lu le livre de M. Si-Marc Girardin.
Il conduit à des rapprochements impossibles entre des créa-
tions de genres complètement différents, à d'éternels et cho-
quants parallèles. Si le parallèle semble paradoxal en s'exer-
çant sur des œuvres antiques ou d'imitation antique, que sera-
ce quand il s'agira des créations du théâtre moderne? quand
nous aurons deux systèmes opposés, deux écoles rivales ! c'est
sur cette idée que nous comptons nous arrêter. Mais,
d'abord, constatons par un exemple la singularité de certains
rapprochements choisis par M. St-Marc Girardin : le senti-
ment de la vie, la lutte de l'homme contre ce qui la menace,
est un des côtés de la vie humaine qui appartiennent au drame.
L'un des plus beaux exemples des combats de l'homme
contre la nature, se trouve au cinquième livre de l'Odyssée,
dans cette fameuse tempête que Neptune suscite contre Ulysse.
M. St-Marc Girardin a relevé avec infiniment de tact et de
goût l'art dont a usé Homère, pour nous intéresser aux efforts
d'Ulysse, à son courage et à ses dangers. Puis, à côté de