page suivante »
30 SÉJOUR I)E J . - . I . «OUSSKAU Lorsque Rousseau, suivant l'impulsion de son cœur, accom- plit cet acle de libéralité, ses ressources financières étaient ce- pendant loin d'être brillantes. La copie, les épreuves de plu- sieurs de ses ouvrages, enlr'autres de sa dissertation : Quelle est la première vertu du héros? lui avaient été dérobées. La vente à un éditeur était devenue impossible; pour subvenir à ses dépenses journalières, il venait de se défaire des livres qui lui restaient composant sa bibliothèque rapportée d'An- gleterre. M. Lalliaud, qu'il avait chargé de la commission, lui avait fait remettre le produit de celte vente depuis peu de temps seulement. Ce ne fut, à dire vrai, qu'au milieu du mois de mars, que Rousseau renaquit à l'espérance, que sa guérison apparut pro- bable; on le voit dans une lettre datée du 17 : « Je me trouve beaucoup mieux, je respire et j'agis beaucoup plus li-» brement, quoique l'estomac ne soit pas désenflé; outre l'effet de l'air et de l'eau marécageuse, je crois devoir en grande partie mon incommodité au vin du cabaret dont j'ai apporté avec moi une vingtaine de bouteilles, et dont j'ai senti le mauvais effet toutes les fois que j'en ai bu. Tous les cabaretiers de Bourgoin falsifient et frelatent leurs vins avec de l'alun, et rien n'est plus pernicieux surtout pour moi, » A mesure que la santé revenait, les travers, les instincts naturels de Rousseau se manifestaient de rechef, on peut en juger par ces lignes écrites le 17 mai 1769 : « La nature qui se ranime me ranime aussi, je reprends des forces et j ' h e r - borise; le pays où je suis serait très agréable, s'il avait d'au- tres habitants; j'avais semé quelques plantes dans le jardin, on les a détruites ; cela m'a déterminé à n'avoir plus d'autres jardins que les prés et les bois.... » 11 atlribuait ainsi à la malveillance, à des ennemis cachés, un simple fait du hasard. Déjà , mécontent, il songeait à abandonner ce paisible séjour ; il en prévenait le prince de Conti, le 31 mai 1769; ne pou-