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254 NE NOUVELLE BOUTIQUE
Nous pensons que nos lecteurs trouveront, comme nous,
ce lyrisme hébraïque de 1807 bien curieux et des plus
suggestifs.
Ainsi de l'aveu des Juifs, lorsque Napoléon les « délivra
de l'esclavage » la pensée de l'empereur était de les
« identifier » avec les Français,^de fondre, par la liberté et
l'égalité, leur nation avec la nôtre.
Quant à eux, ce qui remplissait leur cœur, c'était, sous
les dehors d'une vive gratitude envers le nouveau Cyrus
qui leur permettait d'ouvrir en France des synagogues, le
« doux espoir d'aller bientôt, sous ses auspices, rebâtir le
temple de Jérusalem. »
Hélas ! le dix-neuvième siècle touche à sa fin et nous
n'apercevons pas que le Juif, libre et citoyen, d'aujourd'hui
se soit, plus que le Juif, soi-disant esclave, d'autrefois, laissé
absorber par le peuple chrétien. Loin que le Français se
soit « identifié le Juif » ne serait-on pas tenté de dire que
c'est le Juif qui s'identifie aujourd'hui le Français, — à en
juger par la place, tous les jours plus grande, qu'il occupe
dans notre société, dans notre gouvernement — à en juger
par la part si active qu'il prend à l'œuvre anti-française de
déchristianisation que nous voyons s'accomplir parmi nous
« lentement mais sûrement. »
Quant au temple d'Israël, dont les Juifs de 1806 rêvaient
la réédification, ils n'ont pas eu besoin pour le reconstruire
de retourner à Jérusalem : ils l'ont élevé dans leur nouvelle
patrie. Seulement le Dieu qu'on y adore, ce n'est pas celui
d'Abraham et de Jacob, c'est le veau d'or, et il est triste Ã
commissaire déiégué par la synagogue de Marseille pour l'administra-
tion du nouveau temple.