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144                  UNE NOUVELLE BOUTIQUE

de prétexte pour obtenir du nouveau roi des privilèges
plus extraordinaires encore que de son prédécesseur (30).
   L'édit de 1360 leur permettait, nous l'avons vu, de prêter,
au taux absolument excessif, même pourTépoque, de 8 0 % .
Deux choses        toutefois leur      restaient interdites,      c'était
d'exiger l'engagement par corps de leurs emprunteurs (31)
et de faire ce qui s'appelait alors prendre « montes de
montes », c'est-à-dire de réclamer l'intérêt des intérêts.
   Sous Charles VI, ils se mirent à prendre « montes de
montes (32)» et même parfois à contraindre par corps leurs
débiteurs (33). Et comme, indignés d'une manière de



   (30) Après l'émeute de 1380, les Juifs commencèrent par représenter
que les objets d'or et d'argent, pierreries, joyaux, robes et autres choses
à eux baillées en gage pour prêt ou autrement par les chrétiens, avaient
été perdues « en et par la notoire et énorme commotion caguères faite
à l'encontre d'eux ». Ils furent dispensés de restituer ces choses par
lettres royales données à la relation de Mgr le duc d'Anjou, le
26 mars 1380, sans que le gouvernement songeât aucunement à indem-
niser les malheureux chrétiens à qui elles appartenaient. Ceux-ci
durent payer les Juifs, leurs créanciers, sans rentrer en possession des
gages qu'ils leur avaient remis.
   (31) Isambert. Anciennes lois françaises, Edit du 20 octobre 1363,
art.-i «... Et avec ce que aucun crestian ne puisse obligier son corps à
aucun Juif, mais ou cas que aucune obligation par quelconque manière
et soubz quelconque scellé, privilège ou autre, en serait faite, nous,
quant au corps, voulons qu'elle soit de nulle value. »
   (32) Ibid. Lettres de juillet 1387 portant que, pendant dix ans, les
Juifs ne pourront être condamnés à l'amende pour avoir fait « usure
d'usures. »
   (33) Charles VI, qui n'avait rien à refuser à la nation hébraïque, lui
permit, par lettre d'août 1393, d'exiger l'engagement par corps de ses
débiteurs chrétiens. Il fut bientôt obligé de révoquer cette permission à
cause du mécontentement que souleva l'incarcération pour dettes, à ]a
requête des Juifs, d'un grand nombre de chrétiens. V. Isambert. Lettres