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                      SUR LE PONT DE SAÔNE                            241

leur fut donné de « vuyder des villes de Trévolx et de
Châtillon » (3).
   Mais, par un de ces mystères comme il s'en rencontre
souvent dans l'histoire des Juifs, chassés de Trévoux, ils y
restèrent. Et ce qui nous le prouve, c'est que nous les
retrouvons en 143 1 dans la capitale des Dombes, et que
leur présence valut alors à cette ville l'une des plus tragiques
aventures qu'elle ait jamais essuyées.
   Au nombre des chefs de l'armée anglo-bourguignonne
qui s'était laissé battre à Anthon, l'année précédente (4) par
le sénéchal de Lyon, Humbert de Grolée, se trouvait un


   (3) Paradin de Cuyseaulx. Histoire de Lyon, p. 178. Aubret. Mémoires
pour servir à l'histoire des Dombes, t. II, p. 528.
   (4) Le 11 juin 1430 une brillante armée que Louis de Châlon, prince
d'Orange, avait, d'accord avec les ducs de Bourgogne et de Savoie,
réunie en Dauphiné, fut détruite à Anthon près Lyon par les milices
lyonnaises aidées de quelques Dauphinois et des compagnies d'aventu-
riers du capitaine espagnol Villandrando. Plus de cinquante ans après
(1484), dans une pièce judiciaire citée par Péricaud, Notes et documents,
les Lyonnais se glorifient de ce que leur ville a été a à la journée
d'Anton en Dauphiné près dudit Lyon, cause du bien et recouvrement
du royaume par le reboutement que se aida à faire contre les Bourgui-
gnons et autres leurs alliés, en quoi les habitans dudit Lyon firent
grand frais et employèrent leurs personnes et biens, tellement que, à
Dieu mercy, la journée fut pour le Roy. » Fierté bien légitime car,
gagnée par les troupes françaises au moment où Jeanne d'Arc venait
de tomber aux mains des Anglais (24 mai 1430) et où les affaires de
Charles VII semblaient de nouveau péricliter, la bataille d'Anthon eut
des résultats dont quelques historiens seulement signalent l'importance.
« Si les Français avaient perdu cette bataille, dit M. de Barante {Histoire
des ducs de Bourgogne, t. III, p. 404), c'en était fait du Lyonnais, du
Dauphiné et même du Languedoc ; Charles VII pouvait de cette affaire
perdre son royaume. Dieu ayant fait triompher les armes du Roi, tout
le Midi fut délivré des Bourguignons. »