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                     SUR LE PONT DE SAÔNE                        25 I

teurs, il avait paru prudent de les « souffrir » tant que le
roi serait à Lyon.
    Le roi parti, MM. les conseillers leur firent immédiate-
ment donner ordre de fermer boutique et de sortir de la
ville ( 9 ) .
    Il leur fallut donc plier bagages, ce qu'il ne firent qu'en
protestant, qu'en maugréant. Au fond, cependant, il s'en
 allaient fort contents, aussi contents que le roi, — non, il
est vrai, de l'accueil qu'ils avaient reçu des Lyonnais, mais
du bon bénéfice qu'ils emportaient et que moins de soixante
jours de vente au rabais leur avaient suffi à réaliser.



   On sait qu'en 1784 Louis XVI s'occupa des Israélites de
son royaume dont il aurait voulu améliorer la condition
tout en sauvegardant les intérêts religieux et matériels de
ses sujets chrétiens. Le temps et les événements ne per-
mirent pas à ce généreux prince de mettre son projet à
exécution (10). C'est pourquoi, jusqu'à la révolution de



   (9) Archives de la ville de Lyon, BB, 68 et 69, p. 3, verso. Séance
c
 onsulaire du mardi 16 octobre 1548 « a esté mys en termes que les
juifs qui tiennent, boutique surlepontonttousjours leur boutique ouverte
nonobstant que le Roi et la Royne, desquels ils disaient avoir permis-
sion, s'en soient allez de la ville, et touttefoys ils n'avaient permission
de tenyr boutique synon tant que ledit Roy et la Royne desmoureront
en ceste ville. — Pourquoy a esté ordonné que, à la requeste du
consulat, lesdits juifs seront adjournés à demain, heure de court, par
devant le juge ordinaire pour leur voir faire deffense de ne plus tenir
boutique ouverte et leur faire faire commandement de vuyder ladite
ville. »
   (10) L'abbé Joseph Lemann. L'entrée des Israélites dans la société fran-
çaise.