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252                UNE NOUVELLE BOUTIQUE

1789, il resta de droit en France « qu'un Juif n'y a propre-
ment point de domicile, point d'état, — qu'il y est, ainsi
que tous les membres de sa nation, errant — qu'il n'est
citoyen nulle part et que fût-il né en terre française, il est
étranger dans chaque ville (11). »
   L'Assemblée nationale ayant, en 1791, fait des Israélites
des citoyens au même titre que les Français, et le décret de
l'Assemblée ayant été, en 1806, confirmé par l'empereur
Napoléon (12), notre ville vit reparaître la « race perfide »
dont, depuis quatre siècles, il n'était passé par ses murs que
de rares représentants. En 1807, n'étant encore qu'une
poignée, les Juifs de Lyon louèrent, pour leur servir de
synagogue, une simple chambre dans une une maison voi-
sine de l'ancienne préfecture. Le jour de l'inauguration de
ce modeste temple, des prières y furent chantées que le
ministre du culte judaïque à Lyon, Abraham Mayer, avait
composées pour la circonstance, et dont voici les deux
premières strophes :
   « O vous, le Seigneur et le Dieu de tout ce qui existe !
vos merveilles et la grandeur de vos actions n'éclatent que
pour notre bien : elles sont innombrables! Nous vous ren-
dons grâce de nous avoir mis sous la protection du grand
Napoléon dont toutes les pensées tendent à nous délivrer
de l'esclavage et à nous identifier avec les Français, et dont
l'âme est animée de cette même bienveillance qui caracté-
risa autrefois le grand Cyrus à l'égard de notre nation par


  (11) Denisart. Répertoire de jurisprudence. V. Juifs, n» <,.
  (12) Décret de l'assemblée nationale des 23 septembre, 13 novembre
1891. — Décret impérial du 30 mai 1806 et autres documents rapportés
au répertoire de Dalloz. V° Juifs. — Cf. le livre si remarquable de
M. l'abbé Joseph Lemann, la Prépondérance juive.