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                      SUR LE PONT DE SAÔNE                           69

ordonnait à ses fils d'éviter la société des Juifs, surtout de
ne pas prendre part à leurs festins, de ne pas célébrer avec
eux le sabbat. Dans les riches maisons juives de Lyon on
se plaisait à faire transgresser ces prescriptions en atrirant
des chrétiens timides ou ignorants, en les faisant asseoir,
principalement les jours d'abstinence, devant des tables
chargées de viandes, en les conduisant ensuite à la syna-
gogue où ils entendaient blasphémer le Christ et son Église,
proclamer la supériorité des prophètes sur les apôtres et
donner pour preuve de l'excellence de la religion mosaïque
le crédit dont ses sectateurs jouissaient auprès de l'empe-
reur, l'amitié que l'impératrice venait de témoigner à quel-
ques dames juives de Lyon, en leur faisant don des belles


s'établir et d'avoir un exercice public de leur religion. Ils bâtirent une
synagogue sur le milieu de la montagne de Fourvière, un peu au-dessus
de la place qu'on nomme du Change. Il y a près de quarante ans (1650),
Monsieur de Ville, chanoine et vicaire général de Monsieur le cardinal
de Richelieu, faisant creuser dans sa maison nommée Bréda, un peu
au-dessous de Fourvière, on y trouva une médaille de cuivre rouge de
six pouces (18 centimètres) de diamètre... »
    Le médaillon dont parle Menestrier est actuellement au cabinet de
France. Il porte une tête Iaurée d'un caractère oriental avec légende en
langue hébraïque dans le cercle et, au-dessous du buste, un mot latin :
umiliias et un mot grec : TCMovpOGK;. Suivant Menestriet, cette curieuse
pièce aurait été placée par les Juifs dans les fondations de la synagogue
que Louis le Débonnaire leur permit de bâtir et la tête qu'on y voit
serait celle de cet empereur. M. Natalis Rondot estime (ce qui détruit
la supposition de Menestrier) que ce médaillon date seulement de la fin
du quinzième siècle. « Il porte, dit-il, le nom du médecin Benjamin
fils de Elie Béer, le médecin savant qui vivait dans la seconde moitié du
quinzième siècle » (V. Natalis Rondot, la médaille d'Anne de Bretagne).
Quoi qu'il en soit, il nous paraît hors de doute que les Juifs eurent au
neuvième siècle leur synagogue à peu près à l'endroit où fut trouvé le
médaillon.