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254           CHAZAY-D'AZERGUES EN LYONNAIS

mort de Notre-Seigneur, le Juif-Errant, la trahison de
Judas, et bien d'autres sujets tirés de la mythologie ou des
événements de l'époque. Parmi ces artistes, assez médiocres
d'ailleurs, se faisait remarquer un jeune saltimbanque bien
fait, d'une force peu commune et jouant les principaux
rôles. Lorsqu'il luttait contre le géant Enchanteur ou que,
nouvel Hercule, il paraissait revêtu de sa peau d'ours, sa
bonne mine, sa taille imposante, sa souplesse et sa grâce lui
attiraient les bravos frénétiques de la foule. Archers, bour-
geois, manants et artisans s'ébaudissaient à le voir couvert
de sa peau d'ours faire ses tours d'acrobate et ses sauts
périlleux. Ainsi accoutré, il paraissait assez ressembler à un
grand singe sautant sur la corde, aussi le public lui eut-il
bientôt donné le nom de Baboin.
   La journée d'un de ces heureux dimanches venait de
finir, chacun s'empressait de regagner sa demeure, l'heure
du couvre-feu allait sonner, et déjà l'on entendait grincer les
chaînes des ponts-levis, car les portes de la ville se fermaient.
   Les archers du prévôt avaient fait leur ronde pour
ramasser les tapageurs, les vagabonds et les retardataires
paresseux pour les mener dans les prisons du château. En
effet, la police était fort sévère à cette époque, où sans
cesse l'on était menacé des malandrins, des coupeurs de
bourses et de jarrets, et surtout des surprises de l'ennemi.
Malheur à celui que la ronde' des archers rencontrait dans
les rues désertes après le couvre-feu, l'amende ou la pri-
son venait punir le délinquant.

                                         L. PAGANI.

        (A suivre.)