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208 NOTES SUR LE SALON Une de ces compositions dorsales mérite toutefois une mention particulière. La Source, de M. Gabriel Guay, par son importance comme dimension, par l'habileté de son exécution, s'impose à l'attention. La recherche des tonalités contrastantes du rose des chairs et du jaune-brun des feuilles mortes sur lesquelles est couchée la plus importante des figures du tableau, est, [je l'avoue, une recherche très séduisante. Toutefois, l'aspect des corps nus de ces jeunes femmes vautrées dans des feuilles sèches dont la froide saison Avait déjà jonché la terre, ne laisse pas que de mettre quelque frisson dans les veines du spectateur. Se baigner en automne et prétendre se sécher au soleil de novembre sur des tas de feuilles jaunies et humides, c'est là une conception trop improbable pour n'être pas téméraire. Sous le nom de Trésor de douleur, M. de Gravillon a exposé une urne funéraire, autour de laquelle il a enroulé une gracieuse et élégante Artémise. Selon la coutume antique, elle a dans sa douleur, si complètement déchiré ses habits, qu'il n'en reste plus de traces. Un peu étroite d'épaules, un peu longue de buste, elle étend sur son urne un bras et une main crispés par une souffrance inconsolée. Le profil de cette figure est fort séduisant, les jambes sont d'un heureux mouvement, l'une à demi repliée, l'autre mollement allongée, tout ce beau corps est allangui dans l'affaissement de la douleur. Toute proportion gardée entre deux œuvres fort dissem- blables, je préfère le beau buste du même artiste, fort ressemblant, dit-on, et d'une grande allure. J'ai parlé de portraits; il y a au Salon un grand nombre