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ii4           CHAZAY-D'AZERGUES EN LYONNAIS

sèrent en vue de Montbrison et se retirèrent à Brioude,
dont le roi paya la rançon. Alors Seguin, chargé de
richesses, se retira en Gascogne et « nous savons, par le
procès manuscrit de Charles-le-Mauvais, les circonstances
de la fin de ce misérable bandit, nous dit Villaret.
   Quelque temps après le retour de Seguin en Gascogne,
Charles-le-Mauvais, qui se préparait à porter de nouveau
la guerre au royaume de France, voulut le gagner à sa
cause. Mais Seguin avait fait la promesse de ne plus porter
les armes contre le roi de France, quand il rendit Brioude
contre 100,000 florins. Il parut hésiter, cependant oubliant
la foi jurée, il prête l'oreille aux propositions du Navarrais,
qui lui offrait des revenus considérables en fonds de terre.
Tout était convenu, hors le lieu où ces rentes devaient être
assignées. Le roi voulait que ce fût en Normandie, Seguin
voulait que ce fût en Navarre ; c'était un véritable obstacle
que leur obstination réciproque. « Puisqu'il veut tant se
faire valoir, dit le roi, il n'y a qu'à s'en défaire ». Cette
résolution prise, le roi le fit inviter à dîner et fit servir
devant lui un plat d'oranges et de poires sucrées qu'on
 avait empoisonnées. Charles le lui présenta, l'engageant à
 en goûter ; à peine Badefol en eût-il mangé, qu'il tomba en
défaillance et ne revint à lui que pour témoigner les dou-
leurs atroces qu'il ressentait par des cris horribles. Le roi
 sans s'émouvoir le fit emporter chez lui où il mourut (20). »
   Tel est le récit de l'historien Villaret, et ainsi finit cet
illustre bandit qui sans pitié avait fait égorger tant de
malheureux après leur avoir fait subir les supplices les plus
atroces et les plus odieux outrages.



  (20) Villaret. Histoire de France. Paris, 1770, t. V, p. 259,