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74                  A TRAVERS LA KABYLIE

ce n'est pas seulement par crainte, c'est encore par un
motif religieux. Ils croient que Dieu seul donne la force; la
force est le signe d'une mission divine. L'auteur cite,
p. 109, de curieux exemples de leur soumission et de leur
obéissance passive. Il insiste surtout sur ce point, qu'il
serait souverainement imprudent de leur conférer des droits
politiques ; ceux qui en ont acquis en se faisant naturaliser
Français s'en servent uniquementcontre'nous (p. 119-121).
   Les indigènes, en effet, détestent les Français, et ils ne
désespèrent pas de pouvoir, un jour, les chasser de leur
pays. Cette haine même s'accroît avec les efforts faits pour
 leur donner une civilisation qu'ils ne comprennent pas
et dont ils ne veulent pas. Ils vont jusqu'à regretter la
domination des Turcs. C'étaient, disent-ils, des maîtres
injustes et cruels, mais ils étaient musulmans. Il ne faut
donc pas s'endormir dans une sécurité trompeuse. Les indi-
gènes verraient dans le premier échec que nous éprouve-
rions, comme cela est arrivé déjà en 1871, une preuve que
Dieu nous abandonne, et cette idée les pousserait à la
guerre sainte et centuplerait leurs forces. Nous devons
donc, tout en conservant l'espoir de les civiliser, ne pas
négliger les moyens d'affermir sur eux notre autorité
(p. 120-124). On n'a malheureusement pas fait tout ce
qu'il fallait pour obtenir ce résultat.
   Nous avons trouvé, en arrivant en Algérie, deux races
 distinctes, ayant une langue, des mœurs et même une
religion différentes : la race kabyle et la race arabe. Il fallait
 maintenir cette division. On a agi, au contraire, de manière
 à la faire disparaître'. Les Kabyles ne se conformaient pas à
toutes les prescriptions du Coran ; ils ne possédaient pas
partout des mosquées, et préféraient accomplir dans leurs
 demeures les rites de l'Islam. On les a invités à mieux