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514                   BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
se respecter. On ne lui en voudra pas, sans doute , de quelques
allusions politiques, et plus d'un lecteur pourra mettre des noms
propres au bas de ces deux vers, plus vrais qu'élégants :
          Les blancs sont bien souvent des rouges arrivés,
              Et les rouges des blancs en route.

   Nous voudrions désigner quelques-unes des plus jolies fables
du gracieux volume de M. Villefranche ; nous aimerions à en
détacher plusieurs, si l'espace nous le permettait. Il en est de
très-courtes , qui sont gentilles , dans leur brièveté , comme ,
par exemple, le Colibri et le Pigeon. Pour montrer que notre
jeune fabuliste sait orner et conduire un long récit, nous allons
reproduire son apologue de l'Ecureuil et du Renard :

      Le nez au vent, l'oeil vif, l'oreille et la queue hautes,
      Un écureuil jouait sur un antique ormeau
      Dont ses premiers aïeux avaient été les hôtes.
      C'était plaisir de voir le quadrupède oiseau •
         Courir, sauter, voler de place en place ;
      Puis s'asseoir pour polir le poil de son museau
          Qu'il caressait d'un geste plein de grâce;
       Pais grimper au plus haut, puis soudain s'élancer,
       Retomber sur sa queue, et, pendu par la patte,
            D'ici, de là, se balancer.
       Un renard l'aperçut, et vite d'avancer.
      Oh' se disait lout bas la bêle scélérate,
      Tout en poussant vers lui des soupirs dont l'objet
      •N'était point, selon moi , sa charmante figure,
            Oh! si la patte te manquait!
      Mais la patte jouait toujours adroite et sure,
            Et le jeu semblait de nature
            A fatiguer le spectateur.
          Le galant crut devoir se faire acteur,
            Tour mettre fin à l'aventure,
      tl se découvre donc et d'un air ébahi :
      —Eh ! c'est vous ! quel bonheur de vous voir aujourd'hui !
      Les dieux à qui je viens de faire ma prière
      Ne pouvaient offrir mieux à mon œil ébloui.