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	BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 91 ticulier le premier volume qui traite des inclinations. I/auteur reprenant avec raison ce mot à la belle langue du XVIIe siècle, le substitue à ceux d'ins- tinct et de tendance primitive pour désiguer une disposition naturelle de l'âme à rechercher tel ou tel objet, à se développer en tel ou tel sens. Quelle plus importante étude pour la conduite de l'homme enfant et de l'homme fait ! Le maître ou l'homme d'état qui ignore ces inclinations, ne ressemble- til pas au pilote qui prétend diriger la barque sans connaître les vents qui entrent les voiles? Cependant, depuis Reid et Dugald Stewart, cette étude semblait abandonnée aux ennemis systématiques de la psychologie qui pré- tendait la remplacer par l'inspection des bosses du cerveau, et par les éti- quettes qu'il leur plaisait d'y inscrire. L'honneur revient à M. Garnier d'avoir comblé celte lacune de la psychologie française. Déjà il avait traité cette question dans un autre ouvrage sur la phrénologie et la psychologie comparées, où il réduit à leur juste valeur les prétentions des phréuologues ; ici i! la reprend et la développe avec de nouvelles observations. Il pousse plus avant l'analyse que les philosophes écossais, il est bien plus précis et plus exact qu'aucun phrénologue. Aux inclinations déjà notées par les philosophes, il en ajoute d'autres dont il a trouvé les traces dans les moralistes, les histo- riens, les poètes, dans la comparaison de l'homme avec les animaux, dans l'observation directe de l'enfant, dans la nature humaine prise sur le fait, lels sont l'amour de la propriété, l'instinct de la pudeur, etc. M. Garnier n'avance rien sans preuve, et il multiplie de la manière la plus décisive et la plus intéressante les observations, les faits, les témoignages de toute sorte qui déposent en faveur de la réalité de chaque inclination. M. Garnier n'admet pas tout à fait la raison au sens de M. Cousin, mais cependant on ne peut lui reprocher de méconnaître un seul des grands faits qui s'y rapportent. Ainsi, s'il n'admet pas une raison impersonnelle, il ad- met une perception, une intuition pure de l'espace infini, du temps éternel, de la cause sans commencement et sans fin ; parmi les conceptions idéales à priori il place celle de la vertu absolue et universelle, et, parmi les croyances, la foi naturelle à la perfection divine. Pourquoi ne pas attribuer à la même faculté, et séparer en les classant parmi des phénomènes d'une nature pro- fondément différente, des idées qu'unissent entre elles les caractères com- muns de la nécessité et de l'universalité ? Les perceptions qui mettent l'âme en présence de réalités distinctes de la pensée, que cette réalité soit contingente ou absolue, les conceptions telles que les réminiscences, l'imagination, les inventions de l'artiste, les croyances dont l'objet peut n'exister qu'au dedans, mais aussi au dehors de la pensée, parmi lesquelles il place la croyance à la stabilité des lois de la nature et Ã
