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                        LES DEUX MUSES.                    263
Sa sagesse qui ment et sa vertu qui trompe,
L'amour même, l'amour s'était évanoui !


Eh bien ! je n'avais vu qu'un seul aspect des choses,
Avant de les sonder avec l'œil du rêveur;
Je n'allais pas plus loin que le parfum des roses,
3e n'avais jugé rien des fruits que la saveur.


Mais quand les bois sacrés m'ouvrirent leurs arcades,
Quand sous les noirs sapins j'eus gravi les hauts lieux,
Sur les glaciers, au bruit, des vents et des cascades,
L'invisible apparut et dessilla mes yeux.


Dès lors à ce soleil sans nuage et sans tache,
Mon âme voit des champs plus touffus et plus verts,
Sous les flots et les fleurs sentant ce qui se cache,
Pour son hôte inconnu j'aime cet univers.



                             ADMÈTE.



En aimant ces beaux lieux, moi, c'est Myrto que j'aime ;
J'y cueille pas à pas ses traces qu'elle y sème ;
C'est dans les champs surtout qu'absente je la vois ;
J'entends ses pieds courir sur la mousse des bois ;
La menthe et le rosier m'apportent son haleine ;
Ces épis en flots d'or ondulant sur la plaine
C'est l'or de ses cheveux ; la neige a sa blancheur ;
L'alouette a sa voix, la colombe est sa sœur ;
La source est un miroir qui retient son image ;
Le soupir de la \ague en mourant sur la plage,
Ces feuillages émus qui parlent mollement,
C'est, parmi nos baisers, son doux gémissement.