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                          PIERRE REVOIL.                         237
récompense qu'ils auraient méritée. Telle est bien souvent la
douloureuse et trop triste destinée que l'art tient en réserve pour
ses adeptes les plus fervents, et si le talent ne préserve pas
toujours d'un sort malheureux, combien à meilleur titre n'en
doit-il pas être ainsi pour les médiocrités fourvoyées que l'orgueil
illusionne, et qui se débattent toute leur vie dans l'impuissance
et dans la misère ! Après d'aussi pénibles épreuves, Revoil mou-
rut le 19 mars 1842, et sa fin calme et douce, qui fut celle d'un
homme de bien, termina dignement une existence de soixante-
six années, aussi pure que bien remplie.

    Il me reste maintenant à parler de Revoil comme pro-
fesseur, et à juger ses tableaux , en appréciant, s'il est possible,
l'influence qu'ils ont eu sur la peinture de cette époque. J'ai déjà
essayé plus haut, en racontant son début comme peintre d'his-
toire , de formuler une opinion sur son premier ouvragé ; cela
était peut-être d'autant moins facile , que le seul petit dessin
qui a survécu au tableau, dont il fut , pour ainsi dire , le
projet ou le carton, n'en peut donner qu'une idée bien impar-
faite ; cependant, il y suffit assez pour qu'on y puisse voir les
tendances de l'auteur. A ce propos, et comme complément des
réflexions que j'ai faites précédemment, j'ajouterai qu'une chose
m'a frappé en regardant ce dessin , c'est l'indépendance, je pour-
rais presque dire , si ce n'était aller trop loin, la personnalité du
style, qualité bien rare et par là même plus précieuse à trouver
dans les premières œuvres d'un jeune artiste ; en effet, Revoil,
qui avait quitté depuis peu de temps l'École de David, lorsqu'il
fit ce tableau , a su mettre, dans la pose et dans l'attitude des
personnages , une vérité et un naturel que l'on trouve assez
rarement dans l'œuvre de son maître , à tel point qu'un peintre
de nos jours, —et l'on sait généralement assez combien, sous le
rapport de la composition, les principes les plus élémentaires de
l'art ont varié depuis David,—qui traiterait le même sujet, et qui
voudrait y mettre de la noblesse et de la grandeur, le ferait
probablement avec le même style.
  La nomenclature, par ordre de date , des autres ouvrages de