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                      LETTRE A M. BENECH.                         55
 langue latine subsistera, ces paroles signifieront que des mem-
  bres du sénat étaient venus de Lugdunum et que s'ils en étaient
 venus, c'est bien évidemment parce que Lugdunum, en posses-
  sion du droit aux honneurs, avait eu qualité pour les fournir.
     L'opinion que nous avons soutenue, M. de Boissieu et moi,
 n'est donc pas si déraisonnable ; elle est bien autrement étayée
 de probabilités et de preuves directes que la vôtre. 11 est à
  remarquer que vous ne paraissez pas très-convaincu de la so-
 lidité de vos propres doctrines-, vous dites, en effet, dans l'une
 de vos conclusions (p. 31). « Que si les fragments de la table
 de Claude, déjà examinés, étaient interprétés en ce sens qu'ils
 établissent des droits politiques en faveur des colons deducti,
 cette table acquierrait par cela même une valeur immense,
 puisqu'elle renverserait de fond en comble l'opinion contraire,
 soutenue jusqu'ici, comme on l'a vu, par les jurisconsultes et
 les publicistes les plus autorisés. » Vous admettez donc la pos-
 sibilité que la table de Claude ait dit ce que je lui ait fait dire?
c'est quelque chose et j'en prends acte. Pourquoi l'hypothèse
que vous posez ne serait-elle pas l'exacte vérité ? ce ne serait
certainement pas la première fois que la découverte d'une ins-
cription antique aurait fait crouler tout un échafaudage de
 raisonnements et de suppositions, laborieusement construit par
les publicistes et les juristes les plus autorisés. Aucune théorie
ne résiste au choc d'une pierre tumulaire, aucune inscription
ne tient un langage si net que le bronze de Lyon. Vingt vo-
lumes auraient été écrits pour démontrer que les habitants de
Lugdunum, colons romains, ne jouissaient pas des droits aux
honneurs, qu'ils disparaîtraient comme des feuilles légères dis-
persées par le vent, au contact de ces deux lignes du bronze
de Lyon, qu'il faut bien répéter encore une fois.- QUANDO EX
LUGBUNO HABERE NOS NOSTRI ORBINIS V1ROS NON POENITET.
   Ne croyez pas que cette discussion ait pour résultat de me
raidir dans mon système et de rendre mon opinion absolue ;
j'admets le doute sur la question générale des colonies, et je
ne manquerai pas d'atténuer ce qu'il y a eu de trop affirmatif
dans ma parole. Vos observations m'auront toujours rendu ce