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               CHRONIQUE THÉÂTRALE.




                          M m e CABEL. — KAVEL.



    L'exactitude est la politesse des rois comme elle est celle du directeur
de spectacle. C'est pourquoi, dès le premier août, M. Deleslang, fidèle à
ses promesses, rouvrait notre Grand-Théâtre embelli, restauré aussi conve-
nablement que possible. Le pourtour de la galerie des quatrièmes qui con-
trastait, par sa couleur sombre d'un malheureux effet, avec les tons clairs
 et les dorures des autres parties de la salle, a été repeint. Cette modification
mérite des éloges. Saluons aussi le rideau de M. Savette, remarquable par
la richesse el la largesse de son exécution. Mais, saluons surtout de nos
applaudissements notre nouvelle prirna-dona, Mme Cabel, et avouons que
M. Deleslang a joué, cette fois, de bonheur. Les délicats doivent être con-
tents. La fée du Grand-Théâtre, destinée à ensorceler le public cet hiver,
est trouvée , et pour que ses triomphes se convertissent en recettes dans la
caisse de la direction, il ne reste plus qu'à la produire dans des ouvrages
qui ne soient pas trop usés.
    Ce qui fait la supériorité de M'ne Cabel, ce qui dès le premier jour lui a
valu les plus vives sympathies du public, c'est de répondre, exactement,
par son talent et sa personne, à l'idée particulière du plaisir que chacun va
 chercher au théâtre. Le plaisir qu'offre le théâtre est en effet très-complexe
de sa nature ; le charme de la voix , la science musicale , le jeu scéuique,
 les agréments personnels en forment les éléments. C'est la réunion de tous
 ces éléments qui est difficile à rencontrer; là, une belle voix et point de
méthode; ici, beaucoup de méthode et peu de voix, point de jeunesse; une
 manière de dire le dialogue à contre sens, et des agréments personnels qui
n'existent que pour mémoire. Il en résulte que lorsque le spectateur ou
l'auditeur veut se faire juge, il est obligé d'établir en quelque sorte la ba-
lance de ses émotions par doit et par avoir, et toute cette comptabilité in-